Après le 26 mars 1997
Première communion
Confirmation *
- Prions avec le Frère Marcel
Retraite du 27 septembre 1950
- Méditons avec le Frère Marcel-
24 juillet 1946
Au sujet des enfants morts sans baptême d'eau
-Témoignages-
Extraits de la lettre de X, détenu :
De Bangkok, le 4 février 1995, cette lettre adressée aux Amis de Van et destinée au Frère Marcel. Il a sûrement donné suite :
D’un Père C.C., quelques mots au sujet du Frère Marcel.
- Historique de la Cause du Frère Marcel Van-
Après le 26 mars 1997...
il y eut, du 19 au 24 août 1997, les XII° Journées mondiales de la Jeunesse, le rendez-vous donné à Paris par le Saint-Père à tous les jeunes du monde.
Nous avons encore au fond de notre cœur les souvenirs éblouissants de cette nouvelle Pentecôte, où des milliers de jeunes, joyeux et pleins d’amour, ont reçu du Saint Père et des Evêques présents à ses côtés l’enseignement indispensable pour aider le peuple de Dieu à entrer dans le troisième millénaire, celui du Rédempteur.
Bien sûr, nous n’étions pas tous sur le Champ de Mars ou à l’hippodrome de Longchamp...
Bien sûr, nous n’étions pas tous en mesure de suivre ces événements exceptionnels à la radio ou à la télévision, pour un temps merveilleux outils d’information et d’enseignement...
Bien sûr aussi, nous n’avons pas fini de relire et revoir les comptes-rendus écrits ou filmés de ces journées pour méditer les textes des nombreuses homélies du Saint Père et en exploiter les richesses doctrinales et humaines.
La délégation du Vietnam n’était, hélas, pas très nombreuse à Paris. Mais nous avons eu chaud au cœur lorsque le Saint-Père s’est adressé sur les ondes et à la télévision en utilisant la langue de Van pour leur transmettre son message de confiance, de foi et d’amour.
En annonçant au monde que Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte Face serait proclamée Docteur de l’Eglise le dimanche des missions, le 19 octobre 1997, en la basilique Saint-Pierre de Rome, le Saint-Père évoquait la spiritualité de celle qu’en France on aime tant :
"... Cette jeune carmélite fut tout entière saisie par l’amour de Dieu. Elle vécut radicalement l’offrande d’elle-même en réponse à l’Amour de Dieu...
" Thérèse a connu la souffrance dans son corps et l’épreuve dans sa Foi. Mais elle est demeurée fidèle parce que, dans sa grande intelligence spirituelle, elle savait que Dieu est juste et miséricordieux; elle saisissait que l’amour est reçu de Dieu plus qu’il n’est donné par l’homme...
"... L’enseignement de Thérèse, véritable science de l’amour, est l’expression lumineuse de sa connaissance du mystère du Christ et de son expérience personnelle de la grâce. Elle aide les hommes et les femmes d’aujourd’hui, et elle aidera ceux de demain, à mieux préparer les dons de Dieu, et à répandre la Bonne Nouvelle de son Amour infini...
"... J’ai tenu à annoncer solennellement cet acte ici, car le message de sainte Thérèse, sainte jeune si présente en notre temps, vous convient particulièrement, à vous les jeunes : à l’école de l’Evangile, elle vous ouvre le chemin de la maturité chrétienne ; elle vous appelle à une infinie générosité ; elle vous invite à demeurer dans le " cœur " de l’Eglise les disciples et les témoins ardents de la charité du Christ.
" Invoquons sainte Thérèse, pour qu’elle conduise les hommes et les femmes de ce temps sur le chemin de la Vérité et de la Vie ! "
Lors de sa première visite à l’Eglise de France, en 1980, le Saint-Père nous avait par trois fois posées la redoutable question : " France, fille aînée de l’Eglise, qu’as-tu fait des promesses de ton baptême? "
A l’occasion de son sixième voyage pastoral dans notre pays, le Saint-Père explique à tous les jeunes du monde que " Mystère et espérance du monde à venir, le baptême est le plus beau des dons de Dieu, nous invitant à devenir disciples du Seigneur. Il nous fait entrer dans l’intimité de Dieu, dans la vie trinitaire, dès aujourd’hui et jusque dans l’éternité.
" Il est une grâce donnée au pécheur, qui nous purifie du péché et nous ouvre un avenir nouveau. Il est un bain qui lave et régénère. Il est une onction, qui nous conforme au Christ, Prêtre, Prophète et Roi. Il est une illumination, qui éclaire notre route et lui donne tout son sens. Il est un vêtement de force et de perfection... "
En priant le Seigneur de garder fermes dans leur foi les dix jeunes venus des cinq continents que le Saint-Père a baptisés et confirmés durant la veillée du samedi soir, à Longchamp, et en y associant les 750000 jeunes, témoins dans la ferveur des merveilles de Dieu dans le cœur de tous ses enfants, nous avons choisi, dans les écrits de Van, les principaux textes relatifs au baptême, à la confirmation et à la première communion.
Dans ses Ecrits, Van évoque le moment de sa première communion et de sa confirmation, en 1935 :
Première communion
A-33-d (et suivants) :
Le curé ne m'avait pas encore fait savoir qu'il m'admettait à faire ma première communion. Il me dit tout simplement d'être prêt et me permit de me confesser une première fois en même temps que les autres enfants. La veille du jour fixé pour la première communion, j'entrai donc pour la première fois au confessionnal pour avouer mes fautes. C'était également la première fois que je sentais mon cœur palpiter au point de m'empêcher de parler. De plus, j'étais si petit que même en me tenant debout la tête levée, je ne pouvais atteindre la grille du confessionnal. Le curé naturellement irritable, ne soupçonnant pas que c'était moi, pensa qu'il avait affaire à un enfant espiègle entré là pour troubler les autres ; il me chassa donc avec sévérité et sortit immédiatement du confessionnal pour voir. En m'apercevant, il comprit et m'envoya chercher un agenouilloir pour m'y tenir debout. C'est alors seulement que j'osai confesser tous mes péchés, timidement mais d'un cœur sincère. J'avouai tout, même cette faute d'avoir égratigné la figure de la bonne quand j'étais tout petit. Après m'avoir entendu, le curé me donna une pénitence et me dit : " Parmi les fautes que tu viens d'accuser, il n'y en a aucune qui ait fait de la peine au bon Dieu. Cependant, dans l'intention de plaire toujours à Dieu, tu dois t'efforcer de garder ton âme entièrement pure. " Il m'exhorta à aimer la Sainte Vierge de tout mon cœur, puis me donnant la bénédiction, il ajouta :
" Demain, je te permets de communier... "
Cette nuit-là, je me mis au lit, mais sans pouvoir beaucoup dormir. Le cœur palpitant d'émotion, je ne cessais de penser au lendemain où il me serait donné de m'avancer à la table sainte pour m'unir à Jésus. De temps en temps je me levais pour demander à ma mère : " Maman, est-ce déjà le matin ? "
Oh ! que cette nuit m'a paru longue. Je ne soupirais qu'après le chant du coq annonçant l'arrivée du jour.
Enfin le jour parut et l'heure arriva, cette heure qui me donnera la source enivrante de l'Amour. A ce moment-là, me rappelant les jours d’inquiétude où je marchais comme sur une route ténébreuse, tourmenté par la crainte de devoir aller aux leçons de catéchisme et comparaître devant un personnage imposant, me rappelant encore l'incertitude où je me trouvais face à mon admission à la première communion, je réalisais que la situation avait bien changé. Je n'éprouvais plus aucune crainte, et les épreuves passées, tout en intensifiant ma joie, constituaient pour moi un magnifique cadeau à présenter à Jésus durant la messe de ce jour.
L'heure a sonné, la minute tant désirée est arrivée. Je m'avance vers la table sainte, l'âme débordante de joie. Je ne manque pas de rappeler sans cesse à Jésus de venir à moi sous la forme d'un tout petit enfant. Je tiens bien serré dans ma main le cierge allumé, symbole du feu de l'amour qui brûle en mon âme. Et, de temps en temps, je jette à la dérobée un regard vers la droite, pour calculer combien de communiants il reste encore avant moi. Enfin Jésus arrive. Je tire doucement la langue pour recevoir le pain de l'Amour. Mon cœur ressent une joie extraordinaire. Je ne sais quoi dire, je ne puis non plus verser une seule larme pour exprimer tout le bonheur dont mon âme déborde. De fait, en ce moment-là, mon âme était comme engloutie dans les délices de l'Amour. Si je ne parlais pas, c'était uniquement parce que je ne trouvais pas de mots pour m'exprimer. Bien plus, mon âme était encore extasiée en présence de l'immensité de Dieu, devant qui je ne suis que néant indigne. Et si je me rends compte que j'existe encore, mon être n'est rien d’autre que Jésus lui-même résidant en moi. Ah ! il se fait donc que, en un instant, je suis devenu comme une goutte d'eau perdue dans l'immense océan. Maintenant, il ne reste plus que Jésus ; et moi, je ne suis que le petit rien de Jésus. C'est dire que je suis devenu Jésus, et que Jésus ne fait plus qu'un avec moi.
En recevant Jésus, tous mes désirs ont été comblés ; cependant je pense que s'il m'avait été donné de lui exprimer librement mes intentions, j'aurais été plus heureux encore. Mais on m'a obligé comme beaucoup d'autres enfants à réciter des prières d'action de grâce déjà toutes faites. De là que la joie d'un entretien cœur à cœur a été interrompue, et que Jésus présent dans notre âme n’a plus entendu que des prières qui ne s'harmonisaient pas avec les sentiments intimes de chacun.
C'est pourquoi toujours je sentais qu'il y avait une lacune dans ma manière d'aimer ; mais tout en sachant qu'il y avait une lacune, je n'osais pas l'admettre, de sorte que plus tard, Dieu devra envoyer une sainte pour faire revivre chez moi cette conception de la prière que j'avais été forcé d'abandonner depuis mon enfance. Cette sainte, c'est la petite Thérèse dont j'aurai l'occasion de parler plus tard.
Jésus présent dans mon âme a dû comme moi se résigner à garder le silence. Il regardait mon âme sans dire un seul mot, sans faire entendre le moindre murmure. Tout ce qui nous était possible, c'était de nous comprendre mutuellement comme deux petits amis encore au berceau en échangeant des regards silencieux. Et pourtant nous nous comprenions très bien et nous nous aimions très intimement.
Les grâces que je demandai à Jésus ce jour-là se résument à deux :
1- Me garder pur de tout péché, afin de l'aimer de tout mon cœur.
2- Accorder à tous les hommes une foi solide et parfaite.
Confirmation
A-40-b (et suivants) :
Peu de temps après ma première communion, j'ai eu encore le bonheur de recevoir l'Esprit Saint. Ma petite sœur Tê a aussi été confirmée en même temps que moi...
La grâce de Dieu a non seulement fortifié ma petite sœur, mais elle a encore transformé son caractère et l'a rendue plus sage. C'est à partir de ce jour qu'elle a perdu entièrement l’habitude de bouder.
Quant à moi, la grâce que Dieu m’avait préparée n'avait d'autre but que de m'enrôler dans l'armée des soldats courageux. De là que, avant de me lancer dans les combats de la vie, Dieu dans sa sagesse, a su mettre à ma disposition tous les moyens efficaces qui m'aideraient à remporter la victoire. Donc, peu après m'avoir donné son corps et son sang comme nourriture quotidienne, il m'a encore donné une solide garantie, qui n'est autre que la force de l'Esprit Saint.
La fête d'aujourd'hui ne diffère en rien d'une cérémonie de remise du glaive. Mon cœur débordait de joie quand je me présentai devant l'évêque pour recevoir le signe de la croix qu'il a imprimé sur mon front, et être admis officiellement dans la troupe des valeureux soldats du Christ. Le signe de la croix, c'est l'étendard de la victoire du Sauveur, c'est la force et l’épée de l'Esprit Saint. Ce signe, imprimé dans mon âme, n'en pourra jamais être effacé. Oh ! quel honneur ! Aujourd'hui même, j'ai donc été officiellement armé, comme un chevalier, du glaive de l'Esprit Saint, et appelé soldat du Christ.
- Prions avec le Frère Marcel-
Du " Journal Intime ", nous proposons cette belle prière du Frère Marcel rédigée de la Communauté C.Ss.R. de Saigon, à un moment où il vit des choses difficiles.
Retraite du 27 septembre 1950
F-29-c
" Jésus, permets que je vienne près de toi, à l'ombre de la Croix, et que j'appuie ma tête sur tes plaies sanglantes.
" Jésus, mon frère, je t'aime. Mon amour m'inspire de la pitié pour toi, et me donne le désir de souffrir avec toi.
" Jusqu'à maintenant, il me semble que mon amour pour toi n'a pas été assez parfait. Par conséquent, aujourd'hui, c'est avec toute la force qui réside dans l'amour, que je te demande avec instance, " de me clouer à la croix de la souffrance ".
" Je veux vivre, mais vivre dans la souffrance.
" Je veux mourir, et mourir comme toi sur la Croix.
" A partir de ce moment jusque là, c'est-à-dire durant tout le temps qu'il me reste à vivre, je veux vivre dans le but de satisfaire pour les péchés : mes propres péchés et les péchés du monde.
" Le péché le plus répandu dans le monde consiste dans l'abus de l'Amour de Dieu. Par conséquent, permets que je t'offre mon pauvre corps, afin qu’il soit détruit dans le feu de l'Amour.
" Ne m'oublie pas, Jésus, rappelle-toi que je suis un pécheur qui mérite d'être supplicié dans l'océan de feu infini qu’est l'Amour.
" Attache-moi à la croix !
" Attache-moi à la croix de la souffrance.
" Désormais, je porterai le titre de : Pécheur au cœur aimant et de Victime pour les péchés contre l'Amour.
" Jésus ! Plaise au ciel que ces titres deviennent réalité, par amour pour les âmes. "
Un pécheur au cœur aimant.
J.M.T. Marcel, C.Ss.R
- Méditons avec le Frère Marcel-
Lorsqu’il écrit le texte suivant, dans les Colloques, le Frère Marcel est au noviciat des C.Ss.R. à Hanoi. Il a 18 ans.
Ses préoccupations d’alors rejoignent celles de Thérèse, sa grande sœur spirituelle. Elles deviennent, en cette fin de XX° siècle, d’une brûlante actualité. Le Saint-Père y a répondu dans son encyclique " Humanum vitae " et le Catéchisme de l’Eglise Catholique évoque au & 1261 les enfants morts sans Baptême.
24 juillet 1946
Au sujet des enfants morts sans baptême d'eau
E-210-c (et suivants) :
Il y a quelques jours, en regardant le petit calendrier alphonsien fixé au babillard, j'y ai lu une citation de saint Alphonse, affirmant que les enfants morts sans baptême n'ont à endurer aucun supplice... A ce propos, je me rappelle qu'une fois, probablement durant l'oraison, songeant aux enfants qui meurent avant d'avoir reçu le baptême, je me demandais si plus tard ils pourraient aller au ciel. Je me disais aussi : s'ils ne peuvent aller au ciel, est-ce qu'ils devront être privés de la vision de leur vrai Père durant toute l'éternité ? Dans mon esprit, je ne cessais de me poser ces questions, et j'étais bien triste.
Je pensais : Etre l'apôtre particulier des enfants et ne pouvoir rien faire actuellement pour sauver ces âmes, c'est là une chose qui m'est très pénible, d'autant plus que, en ce moment même un très grand nombre d'enfants meurent sans avoir reçu le baptême. Où trouver des prêtres en nombre suffisant pour aller baptiser à temps ces enfants sur le point de mourir... ?
Je levai alors mon regard vers Jésus au tabernacle, et ce regard l'a amené à me répondre clairement, ce qui a été pour moi une très grande consolation.
Alors le petit Jésus me posa cette question :
" Petit frère, te voilà triste ? Mais pourquoi cette tristesse ? Si notre vrai Père du ciel, dans sa bonté, veut que la voix de ces petits enfants s'unisse à la voix des anges pour le louer dans le ciel, qu'y a-t-il de difficile à cela ?
Rappelle-toi bien ceci : naturellement, les petits enfants, n'ayant pas encore l'intelligence, n'ont pas non plus de volonté. L'intelligence sert à comprendre si une chose est bonne ou mauvaise, et la volonté à agir conformément à ce que comprend l'intelligence. Ces deux facultés sont les plus nécessaires. Or ces facultés nécessaires, les enfants ne les possèdent pas encore. Ainsi donc, il faut maintenant qu'une autre volonté prenne place dans le cœur de ces petits enfants ; et si cette volonté agit d'une façon conforme au bien (à la droite raison), c'est tout comme si ces petits enfants agissaient eux-mêmes.
Cependant, pour que cette volonté produise son effet, il faut qu'elle agisse de façon conforme au bien, conforme à la vérité même. Si au contraire elle agit d'une façon opposée au bien, opposée à la vérité, cette volonté ne produit pas son effet (demeure inefficace).
Maintenant, tout ce que tu as à faire, c'est de placer ta volonté dans le cœur des petits enfants, et alors, eux aussi appartiendront aussitôt à la Sainte Eglise. Et s'ils viennent à mourir avant l'usage de la raison, ils monteront quand même au ciel avec moi, parce qu'ils ont ta volonté qui agit en eux. Et puisque tu as la volonté de croire tout ce que la Sainte Eglise enseigne à croire, et aussi la volonté de m'aimer... il se fait que ces enfants ont eux aussi la même volonté que toi, de sorte que leur âme m'appartient entièrement, qu'elle appartient à la Sainte Eglise. Bien que ces enfants ne connaissent rien, il y a cependant en eux la volonté d'un autre qui connaît, de sorte que, tout en ne connaissant pas, il se fait qu'ils connaissent.
Petit frère, comprends-tu cela ? Offre-moi ta volonté, et moi, je la mettrai dans l'âme des petits enfants qui vivent sur cette terre... A partir de maintenant, tu as donc la certitude que tous les petits enfants m'appartiennent déjà.
Petit frère, cette manière de vouloir que je viens de te révéler est quelque chose de nouveau. Jusqu'à présent, les petits enfants étaient également sauvés grâce à ce procédé, sans que les hommes n'en soupçonnent rien. Allons, petit frère, chasse la tristesse et sois joyeux, n'est-ce pas ? Vu que tu es l'apôtre des enfants, il était nécessaire que tu connaisses ces choses.
Les enfants sauvés de cette manière sont baptisés dans l'amour même. Il leur est donné de confesser la foi dans l'amour, et cet acte d'amour ils le posent au moyen de la volonté. "
Marcel:
Ainsi, il n'y aurait donc actuellement aucun enfant dans les limbes ?
Jésus:
Ce n'est pas ce que j'ai l'intention de dire. Après ma mort, je suis descendu dans cette prison des ancêtres, de sorte que la vraie lumière y a déjà pénétré...
Marcel:
S'il en est comme tu l'as dit, les gens n'auraient qu'à demeurer chez eux, et mettre leur volonté dans le cœur des enfants, sans avoir besoin d'aller les baptiser. Que penses-tu de cela, petit Jésus ?
Jésus:
Agir ainsi, ce ne serait pas vouloir vraiment. Pour qu'il y ait vraie volonté efficace, il faut, quand le baptême d'eau est possible, le conférer réellement aux enfants. Si l'on se contentait de vouloir tout en demeurant chez soi, comment pourrait-on appeler cela volonté ? ...
Sur ce problème, le Père Molinié, op., qui a beaucoup étudié les textes de Thérèse et de Van, écrit:
Trois objections contre la thèse de Van :
1. La doctrine de Saint Augustin sur les Limbes des enfants ;
2. Jésus semble présenter cette thèse comme une révélation : or la Révélation est close depuis la mort du dernier apôtre ;
3. La pratique du baptême, déjà fort affaiblie en droit comme en fait, risque de recevoir un coup fatal devant l'affirmation que tous les enfants en bas âge sont de saints innocents.
On peut ajouter que la prière demandée par Jésus au nom du pouvoir de l'Eglise ne change pas grand chose à la question. Jésus invite Van à prier avec l'Eglise comme celle-ci invite à prier pour les âmes du Purgatoire, dont nous savons que, même si nous ne prions pas, elles sont traitées par Dieu selon les lois de sa Sagesse, de sa Justice et de sa Miséricorde. Si Jésus a décidé d'appliquer les mérites de sa Passion à tous les enfants morts sans baptême, notre prière n'y change rien, bien qu'elle soit hautement souhaitable évidemment... mais pour nous plus que pour ces enfants.
De même, dans la perspective de Van, Jésus désire que tous les enfants soient sauvés en réponse à la prière de l'Eglise. Si cette prière n'avait pas lieu, la volonté de Jésus ne s'accomplirait pas, même s'Il a décidé de sauver tous les enfants en les baignant dans son Sang.
Ceci dit, je réponds successivement aux trois objections :
1. La doctrine des Limbes de Saint Augustin est très profonde, et sort intacte de cette perspective consolante si l'on veut bien prendre garde à la remarque de Jésus lui-même sur sa descente au Shéol.
Au sujet de la deuxième objection, je dirai que cette soi-disant révélation (terme impropre que Van emploie au sens large) doit plutôt être assimilée aux définitions dogmatiques énoncées par les Conciles et par les Papes au long de l'histoire de l'Eglise. Ces définitions font solennellement prendre conscience à l'Eglise d'une vérité inscrite dans la Révélation depuis le début, mais de façon hésitante, incertaine, discutable et parfois discutée, ou même pratiquement inconsciente.
Ici Jésus ne parle pas avec l'autorité des Papes : il s'agit d'une révélation privée dévoilant une vérité contenue inconsciemment dans l'instinct de l'Eglise depuis toujours.
Quant à la pratique du baptême, il y a longtemps en effet que beaucoup de prêtres nient explicitement ou implicitement que ce sacrement soit nécessaire d'une nécessité de salut, ce qui est pourtant bien vrai. Celui qui refuse ou néglige de l'administrer est donc virtuellement responsable de la damnation des âmes qu'il ne baptise pas, même si cette damnation n'a pas lieu, soit que l'âme parvienne à l'âge adulte et soit sauvée, soit qu'elle n'y parvienne pas et soit également sauvée selon la thèse de Van.
D'abord cette thèse n'est pas définie, même si on la croit vraie selon l'instinct de l'Eglise, ce qui est mon cas : si faible que soit le risque qu'elle soit fausse, c'est un pêché mortel très grave de négliger ou même retarder l'administration du baptême aux enfants. La thèse de Van bien comprise ne doit donc entraîner aucun affaiblissement de la grave obligation d'administrer le baptême d'eau.
-Témoignages-
Extraits de la lettre de X, détenu :
Janvier 1996
Tu m’as demandé de te signaler ce qui me paraissait important dans la vie de Van. Alors, en quelques lignes, je vais essayer de te le dire.
Dès son enfance déjà, il apparaît très clairement qu’il a eu un grand Amour pour Jésus et Marie. C’est une disposition de cœur non négligeable pour la suite de sa vie intime avec eux. Durant toute son enfance, il me paraît important de souligner cet attachement féroce à l’Eucharistie et au chapelet, surtout dans les moments de tourments, (Pages 19 et 33 de Van, petit frère de Thérèse).
Il serait important de signaler les deux pôles qui ont motivé sa vie dès son enfance car tout vient de là : les deux grâces demandées à Jésus de pureté et d’une foi solide et parfaite. Et il ira jusqu’au bout et contre vents et marées, durant ses études. Son souci d’intégrité apparaîtra toujours même dans les moments les plus déconcertants de sa vie.
C’est pour moi, qui suis confronté à un milieu aussi difficile, un témoignage de persévérance quotidienne face aux idées modernes qui dominent les pensées. Cette intégrité qu’il ne veut pas pour lui, il faut le dire, va même à l’encontre de ses propres parents qui se sont mis dans la tête des idées toutes faites.
Il y a même cet aspect commun à tous ceux qui ont voulu s’oublier pour Dieu. C’est Thérèse d’Avila qui en a parlé la première, je crois, du moins aussi clairement. L’âme aspirant à la sainteté atteint des fois un tel degré d’angoisse, de détresse, qu’elle se sent damnée. C’est le cas de Van, quand il se regarde comme un être abject, voué à l’enfer. Puis, toujours, cette dépendance totale à l’Eucharistie par laquelle il retrouve la paix et même ce bonheur de souffrir pour Dieu, à la Noël 1940. Il ne refusera plus, après cette communion décisive, de revenir dans ces lieux qui lui semblaient peu propices à développer ses inspirations.
Il va s’abandonner à la volonté de Dieu, même s’il sait que cela lui coûte tout. C’est pour moi un exemple concret de confiance, là encore, pour moi, qui me pose tant de questions sur mon devenir et celui de mon foyer. Il va se laisser modeler comme un vase d’argile au gré de la volonté de Dieu par ses serviteurs. Il y a Marie, Thérèse de l’Enfant Jésus et aussi les saints les plus classiques.
Ce qui marquera la fin de sa vie et peut-être, sera une des causes de sa citation en exemple, c’est cette démarche de plus en plus grandissante de la plénitude d’Amour. Il ne voudra même plus penser de lui-même pour agir. Il ira jusqu’à l’épuisement total de son corps, image sublime de l’apôtre qui se jette dans les bras de son Rédempteur après s’être laissé humilier, blasphémer, ridiculiser, dépouiller de tout.
Voilà ce que je retiens et qui me marque surtout : appelé, il s’est laissé après bien des réticences, entraîner dans l’abîme d’un amour qui lui a tout demandé et à qui il a fini par ne rien refuser.
C’est assez succinct comme avis mais j’espère que tu sauras dégager les deux idées que je retiens. Plus que des idées, des sentiments profonds qu’il est " un exemple pour nos prêtres d’aujourd’hui et un intercesseur puissant pour l’Eglise en détresse. "
Tu me diras ce que tu en penses et si je dois être un peu plus clair. Je n’ai eu que le livre que tu m’as laissé... "
De Bangkok, le 4 février 1995, cette lettre adressée aux Amis de Van et destinée au Frère Marcel. Il a sûrement donné suite :
Cher Frère !
En ce premier jour de l’année, je vous souhaite, cher Frère Van, une très bonne santé, par la grâce de Dieu.
J’ai lu votre livre " l’Amour ne peut mourir ". Dans mon voisinage, j’ai entendu dire que l’on reçoit beaucoup de grâces par votre intercession. J’admire beaucoup votre courage dans la vie, votre exemple est entraînant.
Vénérable frère, la vie de ma mère a ressemblé à la vôtre. Elle aussi a connu le malheur, l’humiliation. Moi-même et mes jeunes enfants ont rencontré une série de mauvais traitements. C’est pourquoi, en lisant votre livre, j’ai versé des larmes en pensant à ma mère.
Maintenant je vous écris cette lettre pour vous demander de l’aide, pour moi et mes deux enfants. Je me souviendrai toujours de votre bonté. Ma mère, dans ce centre de réfugiés, n’a pas d’amis et elle manque de tout. C’est dans ces circonstances que j’ai lu votre livre, que j’aime beaucoup.
Actuellement, mes deux jeunes enfants sont malades. L’un a de l’asthme et l’autre une maladie de cœur. Nous n’avons pas d’argent pour leur acheter des médicaments. Je suis tellement triste ! Ayez pitié et veuillez nous secourir. Vous êtes le sauveur du genre humain.
Permettez-moi de m’arrêter ici, en vous souhaitant, ainsi qu’à vos frères, tout ce que vous désirez de mieux.
Signé: moi et mes deux enfants.
D’un Père C.Ss.R., quelques mots au sujet du Frère Marcel.
29 Janvier 1996.
J’ai vécu deux années et demi avec notre cher Frère Marcel Van. J’ai remarqué chez lui une régularité parfaite, un visage serein et innocent. Son allure était plutôt rapide et peu expansive, et je crois qu’il avait peu d’amis, mais il était très serviable. Quant à sa vie profonde, il ne la laissait pas voir facilement aux autres.
Voilà ce que je me rappelle de lui.
Adresse pour les témoignages utiles
à la Cause du Frère Marcel :
Les Amis de Van
35, rue Alain Chartier
75015 PARIS
Téléphone : 33- (0)1 48 56 22 88 et Fax : 33_(0)1 45 30 14 57
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Si vous êtes intéressé par les études théologiques du Père Molinié op. sur les Ecrits de Van, vous pouvez vous les procurer au siège de l’association. |