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Le serviteur de Dieu

Frère Marcel Van C. SS. R

(1928 - 1959)

Bulletin de l'Association des Amis de Van

pour accompagner la cause du Frère Marcel

Numéro 13
Numéro spécial

  • SOMMAIRE :
  • - Editorial -
    Témoignage d’Anne de Blaÿ La fondation de l’association des Amis de Van Extraits de lettres de Van au Père Boucher
    Témoignage de Frère Pierre La fondation du carmel de la Vierge Missionnaire
    Témoignage de Cécile, étudiante
    - Les Amis de Van -
  •  - Editorial -

     

    Ce nouveau numéro spécial est lié à la réédition de L’Amour ne peut mourir, sorti en librairie le 27 juillet dernier. Le père Marie-Michel a repris l’introduction de l’ouvrage, et de nouveaux témoignages ont été insérés en annexe. Ce sont ces témoignages qui composent le bulletin, permettant ainsi à nos lecteurs de découvrir les beautés opérées sous l’influence de Van.

    Le premier témoignage, celui d’Anne de Blaÿ, présidente de l’association, nous rappelle comment est née, puis s’est développée cette association dont le but spirituel est la communion entre les Eglises et l’édification de l’Eglise universelle. Cela se manifeste concrètement par l’aide à des séminaristes vietnamiens et par la promotion de la cause de Van.

    Le témoignage du frère Pierre est émouvant, il nous montre comment la Parole de Dieu se fraye un passage dans le coeur des hommes : elle ne revient pas sans avoir accompli son oeuvre. Il est immédiatement précédé d’extraits de lettres où Van expose au père Boucher ses intuitions quant à la fondation d’une communauté contemplative et apostolique. Ces lignes ont percuté le coeur de Pierre, le transformant en coeur tout à la fois missionnaire et contemplatif.

    Puis Cécile, une étudiante, nous raconte comment Van est entré dans sa vie, et de quelle façon il lui a fait découvrir l’amour de Dieu et vivre dans l’intimité du Père si bon, si aimant.

    Puissent ces témoignages soutenir l’ardeur de tous en cette période de rentrée, affermir en nos coeurs l’amour de Jésus et la volonté de travailler à la venue de son Règne.

    Père Olivier de Roulhac

     

    Témoignage d’Anne de Blaÿ
    La fondation de l’association des Amis de Van

    À 12 ans, je voulais devenir missionnaire en Asie. Sans bien savoir ce qu'était la consécration religieuse, je sentais en moi un appel à donner ma vie à Dieu au service des pauvres. Je percevais déjà qu'il ne peut y avoir de frontières à l'amour, je voulais ignorer les obstacles à la charité et je trouvais ma vocation dans l'appel pressant du Seigneur à construire l'unité des enfants de Dieu.

    La période troublée des années 60-70 orientait ma vie tout autrement. J'apprenais le japonais, je devenais démographe, je voyageais beaucoup en Asie, je travaillais... et j'eus cinq enfants que j'élevais simplement, en conservant des activités essentiellement paroissiales mais aussi des temps de prière et de formation. Je découvrais l'adoration eucharistique au Sacré-Coeur de Montmartre, le Renouveau charismatique, les Foyers de Charité, les pèlerinages et les couvents de contemplatifs.

    Après vingt ans de «Nazareth», alors que je participais activement aux week-ends du «Bon Larron» organisés par le Père Aubry avec toutes sortes de témoins du monde carcéral, j'eus la surprise d'entendre le témoignage d'un séminariste vietnamien de 55 ans que sa nièce, en France depuis vingt ans, avait réussi à faire sortir du Viêt-Nam, récemment rouvert, pour le faire soigner. Il avait été arrêté en quatrième année de théologie et comme il avait refusé de se marier pour rester fidèle à sa vocation, on l'avait envoyé dans un camp de rééducation où il était resté dix ans, dont trois ans dans un cachot, enchaîné au mur... Il avait été libéré à la suite des accords de Paris, en 1974. Ressorti de prison aveugle, il était réduit à la mendicité. C'est dans cet état que sa nièce l'avait trouvé, en 1988, et qu'elle avait pu le faire venir en France après plus d'un an de démarches. Il avait été opéré des yeux et avait retrouvé la vue.

    Tout son témoignage était construit autour de la foi qui lui avait permis de tenir et de soutenir ses frères prisonniers avec lui. Il est venu me percuter au plus profond de mon être : la situation de l'Église du Viêt-Nam venait réveiller cette part de moi-même à jamais ancrée en Asie, et la détresse des séminaristes clandestins dans l'impossibilité de réaliser leur vocation me rejoignait dans l'importance qu'a toujours revêtue pour moi la vie consacrée.

    J'ai donc commencé à partager la vie missionnaire de Joseph dans les différents témoignages qu'il donnait pour toutes sortes de communautés et de groupes. Il savait toucher le coeur de ceux qui l'écoutaient et il recevait des dons importants pour son diocèse du Viêt-Nam. C'est à ce moment qu'a germé en moi l'idée de faire une association pour aider les séminaristes qui attendaient, comme Joseph, l'autorisation du gouvernement pour être ordonnés par leur évêque, et d'aider tous les diocèses du Viêt-Nam en commençant par les plus pauvres, ceux qui n'avaient personne à l'étranger pour témoigner en leur faveur, ceux qui n'avaient plus d'évêques, ceux qui, n'étant pas au bord de la mer, n'avaient pas l'apport des boat people parvenus à l'étranger.

    Au même moment, le Père Marie-Michel, carme, publiait au Sarment-Fayard l'autobiographie d'un jeune frère rédemptoriste inconnu, mort au Viêt-Nam en 1959, à l'âge de 31 ans. Joseph m'avait donné ce livre qu'il n'avait pas le temps de lire, quant à moi, ni sa couverture ni son titre (L'amour ne peut mourir) ne m'attiraient suffisamment pour que j'entreprenne sa lecture. Je l'avais donc rangé... en attendant.

    Quelques jours plus tard, j'étais «clouée» dans mon lit avec un blocage de la colonne vertébrale. Cela m'arrivait deux ou trois fois par an et, malgré des soins appropriés, je restais handicapée plusieurs jours. Ne pouvant absolument rien faire, j'avais décidé de lire et mon choix s'était tout naturellement porté sur Van puisque c'était le jour de la fête des Saints Innocents.

    Dès les premières pages, j'étais tellement bouleversée par ma lecture que je ne savais que pleurer. Tout me rejoignait et venait me toucher, comme si le coeur de Van était inclus dans le mien et le mien dans le sien.

    Ma lecture était déjà bien avancée quand j'ai perçu en moi une motion intérieure très forte qui me disait : «Tu peux te lever, tu n'as plus rien.» J'ai tout d'abord ignoré cet appel. Pourtant j'avais souvent vu avec le Père Tardif des signes de cet ordre : mon dernier fils avait bénéficié dans les mêmes conditions d'une guérison d'une forte astigmatie, dans un rassemblement à Orléans, quelques mois plus tôt. J'avais plus de difficultés à croire quand j'étais moi-même directement en cause ! En fait, j'étais sous l'emprise d'une double peur : celle de me faire mal en me relevant si rien n'avait changé et celle de m'être trompée dans mon discernement au sujet de la motion intérieure que je croyais venir de Dieu. Mais en même temps, je ne pouvais supporter l'idée que le Seigneur me fasse un si grand cadeau, qu'il ne pourrait m'offrir si je refusais de le recevoir. Après un combat intérieur qui devait durer quelque temps, je décidais de croire que Dieu peut faire cela, pour moi aussi, dans sa tendresse. Je me levais, je n'avais plus rien... je n'ai plus jamais rien eu jusqu'à ce jour.

    Une des craintes plus subtile encore dont je faisais l'expérience dans ce combat tenait au fait que j'avais bien compris que cet événement était comme une «annonciation» où le Seigneur me proposait d'accueillir, non pas seulement une guérison par Van, mais Van lui-même. Il m'offrait de l'enfanter pour le monde aujourd'hui, uniquement dans la confiance, sans savoir jusqu'où je devrais aller dans l'amour et l'abandon, mais sans me cacher qu'on n'approche pas Van sans être brûlé à son tour au feu de l'amour qui n'a pas d'autre issue que le «martyre».

    L'association était née le 17 juillet 1991 et comme pour tout nouveau-né, il a fallu lui trouver un nom. J'étais encore dans l'émerveillement de ma rencontre avec Van et ceux que nous aidions lui ressemblaient tellement que j'ai pensé tout simplement que nous serions tous des «Amis de Van» quel que soit le pays d'origine ou l'état de vie. Le monde entier pourrait nous rejoindre.

    Très vite, notre association est devenue internationale, elle a aidé jusqu'à ce jour environ 600 séminaristes répartis dans tous les diocèses. Certains ont pu rentrer officiellement au séminaire et d'autres ont été ordonnés. Au bout d'un an, nous recevions une reconnaissance pontificale comme «association privée de fidèles».

    Le nom de l'association attirait l'attention sur Van. Certains avaient entendu dire que son procès de béatification était engagé mais, même au Canada, on avait très peu de précisions. À Rome, on m'avait conseillé de rapatrier la Cause en France puisque c'est surtout là que Van jouissait d'une grande réputation de sainteté. À la demande de Mgr Valois (Canada) et du Père Provincial des Rédemptoristes, j'ai cherché (pas longtemps !) un évêque en France et il m'a semblé qu'Ars serait un bon lieu pour accueillir Van, cet enfant tout donné au Seigneur pour réaliser son projet de devenir prêtre... et qui avait de nombreux points communs avec saint Jean-Marie Vianney. Le 26 mars 1997, Mercredi saint, s'est officiellement ouverte à Ars l'enquête diocésaine en vue du procès de béatification de Marcel Van

    Au début de l'année 1993, j'ai eu le sentiment qu'il fallait faire une neuvaine à Van sans bien savoir pourquoi ni sous quelle forme. J'ai choisi une prière de Van pour le Viêt-Nam et pour la paix, qui n'avait rien d'extraordinaire... à première vue. À la Pentecôte 1993, nous avons diffusé la neuvaine dans onze langues - dont deux, des montagnards du Viêt-Nam. Au cours de mes voyages au Viêt-Nam, j'avais été touchée par la détresse de ces populations qui avaient été évangélisées depuis peu et qui n'avaient pas eu le temps d'avoir leur clergé. Les prêtres vietnamiens n'avaient pas le droit de les rencontrer... Seule une radio pouvait les rejoindre. Bien que nous n'ayons aucun moyen, ni financier, ni technique, j'avais la certitude que la foi peut tout obtenir... et quelques mois plus tard, avec l'aide d'un missionnaire OMI, dix millions de Hmongs répartis sur la Chine, le Nord-Viêt-Nam et le Laos, recevaient une émission quotidienne d'évangélisation, à partir de Manille, aux Philippines.

    La brèche que le message de Van produit dans les coeurs nous apporte quotidiennement des témoignages de conversion, de guérisons du coeur et du corps, des choix de vocation. Si bien que le livre : L'amour ne peut mourir est déjà traduit dans six langues et il a largement visité les cinq continents à travers une quarantaine de pays. Je me demande parfois comment il a pu se faufiler auprès d'une carmélite dans la brousse en Inde, chez des camilliens du Burkina Faso, au Foyer de Charité de Taiwan, chez les rédemptoristes d'Aparecida au Brésil, en Colombie, dans un séminaire du Honduras, en Nouvelle Zélande, en Australie... Si Van intéresse tous les pays, il intéresse aussi toutes les congrégations religieuses de quelque tradition qu'elles soient  : les carmes par son lien avec Thérèse, les dominicains pour la qualité de sa théologie, toutes les communautés nouvelles quel que soit leur charisme propre.

    De jour en jour, je découvre l'importance de Van à notre époque, non seulement par la réflexion théologique qu'il suscite dans ses conversations avec Jésus, Marie et Thérèse, mais à travers son application à vivre selon la petite voie, à la suite de sa «grande soeur Thérèse». Par sa vocation de rédemptoriste, il rejoint notre Saint-Père dont le pontificat est tout orienté vers le Rédempteur à travers des lettres et encycliques qui portent son nom, à travers «l'année du Rédempteur» et «le millénaire du Rédempteur». Van comme apôtre des prêtres, apôtre des familles et surtout des jeunes en difficulté, voilà le coeur de l'espérance de Jean Paul Il ; et Van, proposé comme confesseur de la foi plutôt que comme martyr, voilà une consolation et un signe prophétique pour l'Asie qui, sans aucun doute, sera le centre du monde pour le troisième millénaire. Van serait le premier confesseur pour toute l'Asie !

    Van avait écrit : «Mon âme est mère...» Déjà on peut voir avec quelles patience, délicatesse et justesse il enfante les personnes et les communautés. J'ai eu la grâce de voir naître et grandir le «Carmel de la Vierge Missionnaire» que Van avait vu et décrit dans un regard prophétique. J'ai eu la joie d'accompagner le Père Marie-Michel qui l'a fondé avec les deux premiers frères, dans une mission d'évangélisation au Canada, en avril 1997. J'ai admiré la capacité de Van à rejoindre les coeurs, à les attirer vers la lumière, à les simplifier, à leur faire découvrir la petite voie de Thérèse.

    Van a enfanté un autre carmel en Lituanie, avec ses particularités mais avec la même intuition de la contemplation d'où naît la mission. Van apparaît de plus en plus comme le «père», non pas d'une communauté mais d'une constellation de fondations qui viennent éclairer le ciel de l'Église universelle.

    J'ai parfois le vertige quand je vois la grandeur de ce tout petit, la profondeur de ce religieux «insignifiant», la douceur de ce grand persécuté, l'abandon de l'enfant qui reçoit tout parce qu'il n'a rien, et je ne cesse de m'étonner et de m'émerveiller d'avoir croisé la route de ce petit Vietnamien qui remue ciel et terre... parce qu'un jour, Jésus a exulté de joie en bénissant son Père d'avoir caché ces choses aux sages et aux savants et de les avoir révélées aux pauvres et aux petits.

    Extraits de lettres de Van au Père Boucher

    (...) Ensuite, mon Père, voulez-vous connaître toute l'attention que Jésus porte au peuple vietnamien ? "Il y aura, dit-il, une communauté de femme qui portera le nom de "DUC ME THUA SAI"-"La Vierge Missionnaire". Cette communauté gardera le silence d'un muet, tout en travaillant au milieu du tumulte des voix". (...)

    (Col. 212; le 29 septembre 1950)

    (...) Quant à la deuxième communauté, sous le nom de la "Vierge missionnaire", Jésus ne m'en a pas parlé le jour-même de ma retraite du mois d'août 1950, mais avant de m’en parler, il a fait naître en moi la pensée de cette communauté. Tout au début, quand cette pensée s'est présentée à moi, j'ai tout fait pour l'écarter, et je la considérais comme une tentation. Mais les jours suivants, je ne me rappelle pas exactement quel jour, Jésus m'a parlé clairement du nom de cette communauté, me demandant de vous communiquer ses paroles. Cependant, comme j'étais alors plongé dans la nuit et dominé par la crainte, j'ai pensé que c'était l'oeuvre du démon qui voulait me tromper, de sorte que j'ai tout fait pour oublier la chose, mais sans y réussir.

    (...) Dans la suite, je ne me sentais pas l'âme en paix, pressé que j'étais de me rappeler sans cesse les paroles de Jésus et de vous les communiquer. C'est pourquoi, dans ma récente lettre du 29 septembre 1950, j'ai osé vous en parler, mais... toujours avec une certaine crainte...

    En réalité, concernant cette communauté de la "Vierge missionnaire", il m'a été donné de voir la figure, les gestes et l'habit d'une religieuse.

    Oui, j'ai vu une religieuse, à l'habit rudimentaire, de couleur marron, comme celui des Carmélites. Le vêtement de dessus était de couleur noire, avec une ceinture de cuir, et, pendant du côté gauche, un rosaire semblable à celui des Rédemptoristes. Elle portait sur la tête un double voile: l'un, blanc, à l'intérieur, l’autre, noir, à l'extérieur. De plus, quand elle marchait, elle avait le visage entièrement voilé d'un tissu noir, mince et ajouré, mais qu'elle relevait en travaillant. Elle avait aux pieds des sandales de cuir, sans chaussettes, et portait à la main un sac en toile, de même couleur que son habit. Sur sa poitrine, pendait aussi un crucifix semblable à ceux des autres communautés missionnaires.

    Ses activités ne ressemblaient guère à celles des communautés déjà existantes au Viêt-Nam. Dans le cloître, elle consacrait la moitié du jour à la prière et à la récitation de l'office divin. Durant l'autre moitié, elle se livrait à des oeuvres d'apostolat à l'extérieur. Son programme intérieur ne différait en rien de celui d'une carmélite. Lorsqu'elle recevait des visiteurs, elle le faisait derrière un voile violet, et à l'intérieur d'une clôture de fer...

    Ses activités extérieures - D'ordinaire, quand elle se présentait dans un village, à tous les carrefours les jeunes filles accouraient vers elle et la saluaient de la main. Mais elle, elle se contentait de leur donner comme friandises, tirées de son sac, le livre du catéchisme. Elle était si joyeuse et si bonne, que les enfants se plaisaient auprès d'elle. Jamais elle ne causait ou plaisantait avec les gens en cours de route; elle marchait gravement, le visage voilé, malgré toutes les moqueries qu'on lançait autour d'elle. Dès qu'elle franchissait le portique de la maison, elle levait son voile.

    Dans la maison, elle hébergeait aussi beaucoup de jeunes filles, mais en dehors de la clôture seulement; elle était seule à circuler à l'intérieur, où personne ne pouvait pénétrer. Elle enseignait aux enfants plusieurs matières, mais sa spécialité était l'enseignement de la religion. Elle préparait elle-même leurs repas et lavait leur vaisselle. Quand elle se livrait au travail manuel, elle ne portait pas son manteau noir, mais dès la fin du travail, elle le reprenait pour aller s'agenouiller devant le tabernacle, et elle le portait toujours lorsqu'elle sortait sur la route... etc.

    Je ne puis résumer dans cette lettre tout ce que Jésus m'a fait voir. Il m'a dit: "Cette religieuse est comme une personne muette au milieu du bruit des conversations; elle entend de ses oreilles, mais pas une parole ne sort de sa bouche".

    (...) Quand ce sera possible, permettez que j'écrive de nouveau ce que j'ai vu et entendu de la part de Jésus.

    (Col. 214; le 9 octobre 1950)

     

    Témoignage de Frère Pierre
    La fondation du carmel de la Vierge Missionnaire

    Par ma toute petitesse

    et mon impuissance sans limite,

    je veux chanter son amour à jamais!

    La rencontre avec Van ? À travers la lecture du livre L'Amour ne peut mourir. C'est lui qui m'a rejoint, là où j'étais (sur la Côte d'Azur où je menais la vie d'artiste, vie en apparence réussie) et à un moment où mon goût pour l'absolu m'avait conduit jusqu'à l'absolu du vide, vide du sens, vide de l'amour, vide de l'espérance : le vide de l'enfer. Ayant lu le récit de l'agonie douloureuse du petit Van, signe de son amour passionné pour Jésus et pour les hommes, lui qui désirait tant mourir d'une mort qui soit un témoignage rendu à l'Amour, à Jésus, je découvrais que le mal et la souffrance ne sont pas une fatalité et que seul «l'Amour ne peut mourir». Je n'étais pas condamné à mon destin. Et Van me montra le chemin de l'espérance, le chemin du don joyeux dans la souffrance, du « oui » à la venue de l'Amour dans ma vie. C'est ainsi que Van devint mon frère et mon ami et que sa présence, discrète et cachée, fut un fil conducteur, une main invisible qui me dirigea sûrement sur les sentiers de la Miséricorde.

    La lecture de Van a été une révélation savoureuse, joyeuse, tendre et intime. Combien j'ai pleuré d'amour et d'espérance en lisant ces pages sur lui, combien, aussi, j'ai ri aux éclats! Et comment ne pas avoir envie de s'engouffrer sur les pas du petit apôtre de l'amour?... Surtout quand chaque mot, dans sa bouche nous dit  : «C'est pour toi, cette voie que je pratique avant toi... tu vois, c'est fou et inouï, et c'est possible..., c'est au-delà de ce que tu avais imaginé... et je suis là pour marcher avec toi, sur ces mêmes pas de la confiance et de l'amour.»

    Van me montrait que Dieu existait vraiment comme une personne et que, par l'aspect concret d'un vrai dialogue, je pouvais être proche, en vérité, de lui, et que ce Dieu n'attendait que cela : être à mes côtés, pour vivre avec moi une relation immédiate d'amour infini. Dieu avait pour nom Amour, avec un A majuscule. C'était pour moi une révolution, une espérance folle. Je devenais petit frère de Jésus, et mon âme, l'épouse du Christ! Si Dieu existait, alors Dieu, c'était cela! Croire que Jésus m'aimait à ce point : rire avec Jésus, parler avec Jésus, jouer à cache-cache avec lui, être espiègle avec Jésus... qui, lui-même, est espiègle, tout faire : le ménage, cuisiner des bons petits plats, travailler, se promener, aimer, avec Jésus. Croire que j'avais le pouvoir de fasciner Jésus, moi!  : «Par un simple regard jeté sur ton Amour je puis te fasciner, t'éblouir... L'Amour me connaît...» (Van).

    C'était fou, car c'était comme si j'explorais la lune! Le bonheur existait, le bonheur était possible, le bonheur voulait se communiquer à moi, c'était la paix elle-même qui voulait se donner et demeurer chez moi, c'était Jésus. Dieu sur la terre, Dieu dans ma vie, ma chair, mon amour. Dieu qui mendiait mon amour! Le monde à l'envers!

    Brandir l'épée de la miséricorde

    Puis le temps a passé, j'ai un peu oublié Van, mais au plus profond de mes secrets intimes, il était là, caché, petit frère bien-aimé.

    Deux ans plus tard, en août 1992, je suis allé à Lourdes pour participer bénévolement au spectacle de Daniel Facérias : Marie. Je voulais servir la Vierge Marie! Et là, à Lourdes, pendant ce mois et demi passé dans le sanctuaire, s'est nouée une très belle amitié avec un autre bénévole, François, dans une grande communion spirituelle. Un jour, au cours d'une promenade, voilà qu'il se met à me parler, très naturellement, de Van, comme s'il était évident que je le connaissais. Or, Van était encore très peu connu à l'époque et je fus stupéfait par les paroles de François. Il me livrait son intimité avec Van, avec Jésus, avec une naïveté enfantine qui me sidérait, tout ce qu'il me disait de lui-même, c'était comme s'il le disait de moi. Il avait connu la même révolution intérieure et il en vivait, avec une soif de plus en plus grande. Nous étions unis dans la prière et dans l'amour de Marie. Nous avions un peu le même rapport avec Jésus, simple, fraternel et direct, joyeux et joueur. C'était le même mystère de la grâce déposée en nos âmes, le même mystère d'amour de l'enfance, le même désir d'aimer l'Amour et de le faire aimer, le même élan de confiance en l'Amour, le même désir d'être un petit apôtre caché, avec Van et Thérèse, et de sauver les âmes.

    François, qui habitait l'île Maurice, repartit le 4 septembre pour son île. Le lendemain, samedi 5, J'allais prier devant le Saint Sacrement exposé. Voici ce que j'écrivis à François pour lui raconter ce qui se passa alors : «Le lendemain de ton départ, je m'arrêtais à la rotonde I pour visiter Jésus-Hostie et me confier à lui... Je le priais de prendre soin de toi... Je lui offrais notre rencontre... Soudain une voix "qui pensait" en moi, me dit de fonder une congrégation avec toi : la congrégation des "parleurs à Jésus", une communauté qui vivrait de la spiritualité de Van, dans l'intimité simple et fraternelle, joyeuse, de Jésus et de Marie, (tout faire avec lui, jouer à cache-cache, rire, lui parler et l'écouter...) pour rendre Jésus proche et vivant parmi les hommes, pour qu'il soit de plus en plus connu et aimé comme lui-même désire être connu et aimé, ouvrir les yeux des hommes sur le fait qu'il est présent au plus intime de leur vie et qu'ils ne s'en rendent pas compte, et qu'il n'est qu'amour, tendresse et miséricorde.»

    Je repoussais cette idée qui me semblait folle et farfelue, mais c'était impossible, et j'avais une très grande joie en moi. Or, je ne me voyais vraiment pas créer une congrégation, n'étant ni prêtre, ni religieux, ni consacré et... qui étais-je pour cela? En plus, à l'époque, ma vie chrétienne était timorée et j'avais plutôt honte de témoigner, l'Église me répugnait et m'effrayait. Bien que de plus en plus attiré intérieurement, je commençais à percevoir que, peut-être, Dieu m'appelait à la vie consacrée.

    Je nous voyais partager cette vie, cet idéal, avec d'autres, hommes et femmes, enfants, couples, frères, soeurs, prêtres, l'incarner et l'enseigner.

    Je voyais aussi ma soeur Claire et son mari, Jean-Pascal, comme membres de cette communauté! Une fois sorti de la rotonde, je marchais d'un pas allègre, poussé réellement par une force qui n'était pas la mienne, joyeuse. Je marchais avec des ailes, et c'était comme si quelqu'un me portait. Il y avait du travail pour tout le monde. On avait une énergie d'apôtre, nous étions des samouraï à l'oeuvre du Seigneur. On s'affairait comme dans un «Camp du drap d'or». Tel un chevalier, je brandissais une épée invisible, non pas celle du combat, mais celle de la victoire, je disais : «En garde, on arrive, et rien ne nous résistera ! Convertissez-vous!» Je mimais cela sur le chemin de la Grotte, je me souviens que j'étais devant le pont qui traverse le Gave, ça devait être comique, d'autant plus que j'étais seul!

    Cette épée de la victoire, c'était en fait l'épée de la Miséricorde, et je comprends maintenant que cette bataille, c'est la mission. Brandir l'épée de la victoire, ce n'était pas pour combattre dans le sens où il y aurait eu combat avec comme issue possible la défaite, c'était au-delà, et c'était pour annoncer, pour manifester la victoire, déjà acquise, réelle, du Christ dans les âmes, dans le monde, pour inviter ces âmes à recevoir leur héritage et à en vivre.

    Cette parole était tombée comme un cheveu sur la soupe et pourtant c'était clair, ça ne provenait pas de mon imagination et ça ne voulait pas disparaître. J'étais dans la joie et la paix, bien que le mot congrégation me fit peur... Quelque chose était venu en moi pour y demeurer.

    Mais ce n'est pas tout. Un mois plus tard, je découvrais par hasard, dans le livre qui regroupe la correspondance de Van, L'enfant de l'aurore, ce qui suit, à la page 20 : «Et quand il rêve de fonder une communauté contemplative et apostolique, elle s'appellera "La Vierge Missionnaire "» (Cor. 214). Lettre que je lus aussitôt, et où Van expose à son père spirituel l'intention de Jésus concernant cette communauté. Cette lecture m'a bouleversé, car, lorsque j'ai entendu cette parole de fonder une nouvelle congrégation, je ne connaissais pas ce projet de la «Vierge Missionnaire». Ce que j'avais entendu était donc possible! Je me suis aussitôt renseigné  : cette communauté n'existait pas.

    La Vierge Missionnaire

    Le temps passa, et deux ans plus tard, en août 1994 j'appris par ma soeur Claire qu'une communauté de soeurs était en train de naître, fondée par le Père Marie-Michel et Soeur Ingrid  : le carmel Saint-Élie - Sainte-Thérèse-de-l'Enfant-Jésus, nouvelle pousse du Carmel, con-templative et missionnaire, sous la maternité de la Petite Thérèse et où l'on priait Van! Le rapprochement est pour moi immédiat et je suis habité d'une joie extraordinaire pendant plusieurs mois. Le 1er octobre suivant, je soumets à mon père spirituel la coïncidence entre le carmel Élie-Thérèse, la Vierge Missionnaire et mon appel personnel reçu à Lourdes. Il est alors décidé que je rencontre Marie-Michel (que je ne connaissais pas). Ce que je fais, en décembre, à Montpellier, au couvent des carmes, où je passe quelques jours, entre la fête de l'Immaculée Conception et celle de saint Jean de la Croix.

    Je m'ouvre à Marie-Michel : «Une fondation de frères est-elle en projet, est-elle possible?» Ce n'est pas exclu mais je suis apparemment le premier à le manifester de cette façon. Il est convenu que je vienne visiter la jeune communauté, ce que je ne peux faire qu'à Pâques suivant. Je passe alors la Semaine sainte à Beaufort, auprès de ce petit carmel Élie-Thérèse, mais je repars de là décontenancé et dans l'épreuve de la nuit spirituelle.

    Entre-temps, trois laïcs cheminent avec la communauté et, après discernement, s'y rattachent. C'est la naissance d'une communion où familles et célibataires vont vivre de cette spiritualité contemplative et missionnaire au coeur du monde. Tous les deux mois, ils viennent se ressourcer à la communauté... Deux de ces trois laïcs fondateurs sont ma soeur Claire et son mari Jean-Pascal, ceux-là même que j'avais vu dans cette communauté des "Parleurs à Jésus"!

    En décembre suivant, pour l'Immaculée Conception, je reviens à Beaufort. Je n'avais pas donné de mes nouvelles depuis Pâques précédent, tant J'avais été plongé dans la nuit et dérouté intérieurement, car je ne savais plus rien du tout de ma vocation. Cette fois-ci, les choses prennent forme : un autre frère s'est présenté... L'évidence s'impose. Et c'est ainsi que six mois plus tard, en mai 1995, je quittais Monaco où je vivais, pour le petit carmel de Beaufort, en vue de préparer la fondation éventuelle des frères d'Élie-Thérèse, tout à l'écoute de l'Esprit Saint et de l'Église. Je commençais alors des études de philosophie en vue du sacerdoce, auprès de la communauté Saint-Jean.

    Cette fondation était-elle la Communauté de la Vierge Missionnaire?... «Oui» et «Non», et la réponse ne fut claire qu'en février 1997. Ayant des racines dans la réalité Élie-Thérèse, la Vierge Missionnaire devait cependant s'en distinguer pour devenir une réalité autre.

    Deux événements essentiels et décisifs marquèrent le cheminement des frères durant l'année 1996-1997 : l'appel à une vie semi-érémitique, reçu à la Toussaint 1996, dans une proximité plus grande avec l'intuition initiale du carmel, appel à une solitude vécue en communion fraternelle à la suite d'Élie et dont le coeur est le mystère de Marie. Et l'appel très net à vivre cette réalité de la Vierge Missionnaire, reçu lors de la fête de la Présentation de Jésus au Temple, le 2 février 1997.

    Le charisme que nous découvrons à travers la Vierge Missionnaire nous enracine dans cette tradition carmélitaine primitive, Van décrivant lui-même cette religieuse dans son programme intérieur comme ne différant en rien de celui d'une carmélite (Cor. 214). Cet appel s'inscrit dans une continuité profonde avec la réalité Elie-Thérèse, mais s'en distingue cependant avec une nouvelle lumière, toute mariale, celle des mystères joyeux, en particulier ceux de l'Annonciation et de la Visitation : contemplatifs en et avec Marie, nous serons missionnaires en et avec Marie, et une place éminente sera donnée à Van qui, aux côtés d'Élie notre père et de Thérèse notre mère, sera notre petit frère, notre guide et notre inspirateur. Il nous accompagnera et nous éduquera sur le chemin de la sainteté, à la suite du Christ, et nous aurons à coeur de poursuivre sa mission qui s'inscrit directement dans celle de Thérèse : «Au ciel, je te donnerai pour mission d'aider ta grande soeur Thérèse à inspirer au monde la confiance en mon amour» (Col. 25-i).

    On peut dire que cette communauté carmélitaine de la Vierge Missionnaire est vraiment née lors des Premières vêpres des Rameaux 1997 avec l'entrée au postulat de frère Stéphane. Étant trois : le père Marie-Michel, frère Stéphane et moi-même, nous devenions communauté.

    L'étape suivante, quatre jours plus tard, fut des plus importantes : notre «naissance en Église» lors de notre première sortie communautaire, à l'occasion de l'ouverture (à Ars) du procès informatif diocésain en vue de la cause de béatification de Van. Là, nous avons expérimenté que nous formions un corps et que ce corps était déjà sous le signe de la Vierge Missionnaire.

    Trois jours après Pâques, nous nous envolions tous les trois à destination du Québec, invités dans le cadre de l'année thérésienne pour une mission d'évangélisation de trois semaines. C'était aussi avec Van que nous partions pour cette mission qui fut d'une extrême importance pour notre communauté naissante, et qui nous a très largement confirmés dans notre voie.

    L'enjeu de notre mission n'est-il pas de travailler à la réalisation du désir de Jésus qui est «l'expansion du règne de son amour», oeuvre à laquelle Jésus a demandé à Van lui-même de travailler, par le moyen de sa petite voie  : «Plus tard, tu verras, j'aurai toute une armée de petits apôtres de mon amour et tout ce que je leur enseignerai, ce sera de m'aimer comme tu m'aimes toi-même...» (Col. 3-f).

    Enfin, au cours de cette même année 1997-1998, trois jeunes soeurs désireuses de partager cet appel se sont jointes aux frères et la Communion des Laïcs a rejoint le nouveau projet, celui du carmel de Marie, Vierge missionnaire. Ainsi, notre communauté est comme un lys à plusieurs pétales dont le désir est de former une véritable famille mariale, carmélitaine, thérésienne et vannienne au service du Christ et de son Église. Depuis, un groupe de jeunes que nous avions accompagné aux JMJ de Paris chemine avec la communauté, en vue d'approfondir sa foi et sa vie de prière, de se former et d'évangéliser : une Communion-Jeunes vient d'éclore.

    «Par ma petitessse et mon impuissance sans limite...»

    Telle est notre vocation : suivre Jésus avec Marie, dans la terre du Carmel, vivre avec Thérèse et Van leur consécration à l'Esprit à travers leur «Acte d'offrande à l'Amour miséricordieux». Être miséricordié par l'offrande de tout nous-mêmes, dans notre pauvreté radicale et dans le désir de la Croix, pour être, qu'il soit visible ou caché, Amour au coeur de l'Église et de l'univers.

    Je n'oserais pas prononcer ces paroles si audacieuses, si je ne les disais pas avec notre chère maman du ciel, l'Immaculée. Car, pour dire la vérité, nous ne sommes capables de rien, tout juste d'un frêle désir, mais nous voulons nous tenir fermes dans l'espérance et la «confiance sans limite en Jésus»  : être donnés, «eucharistiés» au coeur du monde, en offrant notre pauvreté pour attirer ce feu de l'Amour miséricordieux ! Quel mystère...

    Carmel de la Vierge Missionnaire
    Notre-Dame de la Lumière
    Route de Suze
    26400 Beaufort-sur-Gervanne

    Témoignage de Cécile, étudiante

    Van, mon petit frère chéri !

    Oui, vraiment tu es mon petit frère et je suis ta petite soeur... Je bénis Dieu chaque jour d'avoir permis que nous nous rencontrions. Oh, Van, mon cher petit frère, où en serais-je aujourd'hui si je ne t'avais pas connu ! Ta présence me suit sans cesse, m'encourage, me relève, et change ma « tristesse en joie... » Thérèse t'avait montré le chemin du coeur de Dieu, et aujourd'hui, tu le fais pour moi. Oh Van, que je suis heureuse d'être ta petite soeur !

    J'ai compris que l'amour est possible

    Van, te souviens-tu de quelle façon tu es entré dans ma vie ? Moi, je ne suis pas prête de l'oublier ! C'est grâce à une cassette que j'ai entendu parler de toi et que j'ai découvert ton visage : à dire vrai, au début, ça ne m'avait pas touchée du tout, et cette première perche que tu me tendais, je l'avais repoussée parce que j'avais vu que tu avais beaucoup souffert ; et cela m'avait fait peur. Je n'avais rien compris et je me suis dépêchée de t'oublier... Pourtant, j'avais bien besoin d'un saint « selon mon coeur », sur qui je puisse prendre exemple. C'était la période de mon adolescence, et je subissais les changements de cet âge. En même temps, le ciel me semblait tellement loin de moi... Je commençais à étouffer dans cet état, la foi reçue de mes parents ne me suffisait plus et ma foi personnelle avait bien du mal à éclore. J'avais besoin d'une seconde naissance ! Cette seconde naissance, je l'ai reçue dans la confirmation par l'oeuvre de l'Esprit Saint, mais aussi par toi, petit frère !

    Ah, Van ! Tu es vraiment coquin ! Tu m'avais choisie comme petite soeur, et mes premières réactions par rapport à toi ne t'ont pas refroidi ! Oui, vraiment, tu as gardé au ciel ton caractère «d'enfant terrible» et tu as été plus têtu que moi ! Alors voilà qu'arrive entre mes mains L'Amour ne peut mourir... Et cette fois, j'ai été bouleversée par ta vie ! J'ai compris que l'Amour est possible, qu'il ne meurt pas, qu'il continue d'aimer sans aucune limite de temps ! J'ai compris que la sainteté ne consiste pas à avoir des vertus, à faire de grandes choses -, oh non ! Van ! Etre saint, c'est devenir comme toi enfant de la Miséricorde, c'est-à-dire se reconnaître pauvre, tout petit, mais sauvé, infiniment ! C'est se laisser aimer au coeur même de sa misère... Oh, petit frère, j'ai compris en te regardant que l'unique moyen pour suivre cette voie, c'est cette confiance audacieuse du tout petit qui sait qu'il est aimé dans tout ce qu'il est, toujours... Van, sais-tu ce qui m'a le plus touchée ? C'est ta simplicité avec Jésus, ta liberté avec Lui. J'ai trouvé là la voie de l'épanouissement de ma foi. Et alors, à mon tour, je n'ai fait ni une ni deux : je t'ai demandé d'être mon petit frère. Je ne l'ai pas regretté un seul instant... Tout doucement, discrètement, comme tu sais si bien le faire, tu as pris les choses en mains. J'ai commencé à vivre de plus en plus dans l'intimité de Dieu, et peu à peu, sans que je m'en aperçoive, Il est devenu le centre et le sens de ma vie, le but de toutes mes actions... Et alors j'ai pu redire oui à son appel entendu il y a maintenant dix ans et dont je ne réalisais pas bien la profondeur.

    Changer la tristesse en joie

    Cher petit guide ! Tu sais si bien ce dont j'ai besoin ! Peu de temps après cette rencontre, j'entends parler d'un petit Carmel non loin de chez moi. Et voilà que Marie-Michel en est le fondateur. Je n'ai pas pu m'empêcher alors de penser à toi, petit frère ! J'y suis allée, et au fond de la chapelle, J'ai vu ta photo, et ton sourire malicieux... Depuis, j'y suis souvent retournée. J'ai découvert là-bas l'oraison, et j'y ai trouvé un père spirituel, deux choses qui aident tellement la foi à s’épanouir et l’amour à grandir.

    Petit frère, aujourd'hui après ce temps de grâces, Jésus est parti se cacher, et c'est la nuit. Tu sais bien ce que c'est, toi, n'est-ce pas ? Puisque tu devais te faire « violence pour vivre » (Cor 63-b), toi dont l'espérance en Jésus était devenue « comme le désespoir du pécheur en enfer » (Cor. 200-i)... Au milieu de cette nuit, tu es à côté de moi, et tu murmures dans le coeur : « La souffrance n'existe que pour l'amour » (Cor. 274-j), petite soeur « Jésus est très habile à trouver des moyens de taquiner les âmes qui vivent dans son intimité. Il ne faut pas t'en attrister... Regarde-le de travers avec amour, et ajoute un sourire pour moi ! » (Cor. 174-g). Petite soeur, rappelle-toi que « la sainteté, c'est une vie où il faut changer la tristesse en joie » (Cor. 229-h), alors « réponds à la vie par des sourires ! » (Cor. 274-f). «Que ta paix soit toujours de vivre toute petite, de t'appuyer sur Jésus à chacun de tes pas, sans soucis...» (poème : Ma joie et ma paix, Ecr. 17). «Porte ton regard sur le coeur de Dieu » (Cor. 304-b), et rien alors ne pourra t'enlever « l'arme de l'amour » et « l'amour sera tout ton bonheur, un bonheur indestructible ! » (Cor.344-c).

    Van, sais-tu à quoi je pense tout à coup ? Je pense à la fleur Thérèse et au pétale Van, et je me dis qu'il y manque un parfum, chose impalpable, cachée, qui se laisse porter où le vent souffle, qui attire vers la fleur tous les hommes, et qui réjouit le nez de Dieu... Van, je voudrais être ce parfum, parfum d'Amour et de miséricorde... Van, tu m'aideras à sentir bon, n'est-ce pas ? Je compte sur toi.

    Petit frère, je t'aime beaucoup, et avant de m'arrêter, je t'envoie un baiser dans le coeur de Jésus. Et toi, tu m'en donnes un aussi, n'est-ce pas ?

     

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