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Frère Marcel Van C. SS. R
(1928 - 1959)

Bulletin (n°14 -Noël 98) de l'Association des Amis de Van

pour accompagner la cause du Frère Marcel

 Editorial "sommaire"

 A l’approche de Noël, voici un bulletin consacré à la sainte Vierge. Et plus précisément à Notre-Dame du Perpétuel Secours, vocable sous lequel les rédemptoristes aiment à la vénérer.

Van, dès le début de sa vie manifeste un grand amour pour la sainte Vierge. En toutes occasions il aime à la prier, à l’honorer. Dévotion qu’il tenait de sa maman. Alors qu’il était bébé, elle ne lui donnait le sein que s’il avait invoqué Notre-Dame, et lui apprenait à la remercier après avoir été rassasié. Tout au long de sa vie, il s’est confié sans relâche à la sainte Vierge. En retour, elle veillait sur lui avec affection, lui conservant une âme d’enfant, toute pure comme un tabernacle pour Jésus. Ainsi elle a toujours été, pour lui, son "perpétuel secours".

Le père Mario Doyle, CSsR, de la province de sainte Anne de Beaupré (Québec), nous relate l’histoire étonnante de cette icône, aujourd’hui confiée à la garde des rédemptoristes. Puis nous en donne une clef de lecture pour entrer dans le mystère de l’amour miséricordieux de Dieu.

La deuxième partie de ce bulletin est consacrée à la fondation du Carmel de la Vierge Missionnaire que nous avons présenté dans le bulletin précédent. C’était le 7 octobre 1998, les Amis de Van étaient représentés par Anne de Blaÿ, notre présidente, et par le père Joseph Lê Phung, CssR. qui a bien connu Van, car il a fait son noviciat avec lui. Très proche de Van, ce n’est que 50 ans plus tard qu’il découvre avec étonnement la vie qui habitait le coeur de son confrère. Van avait beaucoup d’affection pour lui.. A cette époque il était "le Frère André".

 Père Olivier de Roulhac, m.b.

Et un poème...

 

Cette peinture sur bois de 53 centimètres par 41.5 (21 pouces par 17) est relevée par un fond or d'où se détachent deux figures principales et deux autres de dimensions réduites. Des abréviations grecques de chaque côté de la femme "MR" et "THU" (Mater Theou) nous indiquent la Mère de Dieu. De même près de l'enfant, les lettres "IC" et "XC" (Jesous Christos) nous présentent, Jésus, le Christ (Sauveur). En haut de la tête de l'ange de gauche, on lit "O AR M""(O Archangelos Michael), c'est-à-dire l'archange Michel. Et en haut de la tête de l'ange de droite, on lit "O AR G" (O Archangelos Gabriel), c'est-à-dire l'archange Gabriel. On trouve des icônes du même type avec la Mère de Dieu, le Christ et les anges avec les instruments de la passion dans la tradition byzantine du XVème siècle. Au XVIème siècle, cette icône est en grande vénération à Rome. Un petit écrit, très ancien raconte son histoire. L'original est perdu, mais trois copies, parfaitement identiques, ont été trouvées aux Archives du Vatican, par le sous-préfet aux Archives, Pierre Wenzel. En voici le résumé :

 

Fin du XVème siècle, un marchand de vin originaire de la Crète, une île de la Méditerranée, dérobe une icône, dans un couvent de l'île ; il l'emporte sur son bateau. Après avoir évité un naufrage, il arrive à Rome et tombe gravement malade. Un ami romain l'accueille chez lui. Avant de mourir, le Crétois lui raconte comment il a volé l'icône où elle était en vénération et lui fait promettre de la placer dans une église pour qu'elle soit vénérée en public. L'épouse du Romain ne veut pas se départir du tableau ; elle le place dans leur chambre pendant neuf mois. Par la suite, la Vierge apparaît à cet homme dans des visions nocturnes, mais en vain.

 

1499, après la mort du Romain, la Vierge apparaît, en vision, à sa fillette et lui dit : "Va trouver ta mère et ton grand-père et dis-leur : Sainte Marie du Perpétuel-Secours vous avertit de me faire sortir de la maison, sinon vous disparaîtrez tous". La fillette en parle à sa mère et cette dernière décide de remettre l'image. Mais, après en avoir parlé avec une voisine, la mère change d'avis. La Vierge apparaît à nouveau à la fillette et lui dit de placer son image entre la Basilique de Sainte-Marie Majeure et celle de Saint-Jean du Latran, dans une église, dédiée à l'apôtre saint Matthieu. Cette fois, la mère obéit et communique avec les Frères Augustins, les responsables de cette église. Le 27 mars 1499, le clergé et plusieurs personnes assistent au transport de l'icône à l'église. C'est là que s'accomplit la première faveur : un homme au bras paralysé se recommande humblement à la Vierge ; il est guéri instantanément.

 

1778, à partir de cette date, les archives des Rédemptoristes nous révèlent qu'il y a presque trois siècles que l'icône de Notre-Dame du Perpétuel-Secours est vénérée à Rome. Les troupes françaises entrent à Rome et proclament la "Libre République Romaine" ; ils démolissent une trentaine d'églises dont celle dédiée à saint Matthieu, le 3 juin de la même année. Les Frères Augustins emportent avec eux l'icône au monastère de Sainte-Marie in Posterela. Comme il y avait déjà une image de la Vierge dans l'église, ils placent l'icône de Notre-Dame du Perpétuel-Secours dans leur oratoire privé. Le vieux frère Augustin Orsetti confie un jour à un servant de messe du nom de Michel Marchi: "Souviens-toi de cette image, qui a été autrefois en grande vénération à l'église de Saint-Matthieu".

 

1855, deux ans après la mort du frère Orsetti, le jeune Marchi entre chez les Rédemptoristes. Et la même année ceux-ci achètent la Villa Caserta, à Rome, pour en faire leur Maison Générale. Après leur installation, l'archiviste se met à déchiffrer de vieux papiers ; il tombe sur la narration des merveilles accomplies dans l'ancienne église de Saint-Matthieu, dont le site se trouve à l'endroit où l'on vient d'édifier la petite église en l'honneur de saint Alphonse, fondateur des Rédemptoristes. Ces découvertes suscitent le témoignage du jeune Marchi ; tout concorde.

 

Le 7 février 1863, le Père François Blosi, jésuite, donne un sermon sur la Vierge Marie dans une église de Rome ; il parle de Notre-Dame en ces termes: "Aujourd'hui, mes frères, je viens vous parler d'une image de Notre-Dame, qui fut fameuse par ses miracles, dans le passé, mais qui n'a pas donné signe de son existence depuis soixante ans (...) Nous savons que l'honneur de retrouver cette image a été réservée à notre temps. Qui sait les bénédictions qui se répandront sur le monde avec la résurrection de la dévotion à la Vierge, sous le titre du Perpétuel-Secours qu'elle a elle-même choisi". Le sermon impressionna les Rédemptoristes de Villa Caserta. Le Père Nicolas Mauron, Supérieur Général, croit qu'il est plus sage d'attendre et de prier.

 

Le 11 décembre 1865, le Père Mauron est reçu en audience par le Pape Pie IX et lui parle de tous les événements entourant l'icône de Notre-Dame du Perpétuel-Secours. Le Pape est très ému ; sa mère l'avait déjà amené prier dans l'église Saint-Matthieu. Pie IX fait savoir aux Augustins qu'il voulait que l'icône de Notre-Dame du Perpétuel-Secours soit exposée dans l'église Saint-Alphonse. Le 19 janvier 1866, le Père Michel Marchi apporte l'icône à l'église. Le 5 mai de la même année, le Pape Pie IX vient lui-même prier au nouveau sanctuaire et charge les Rédemptoristes de faire connaître Notre-Dame du Perpétuel-Secours à travers le monde.

 

Le 23 juin 1867, après un triduum solennel, les Chanoines du Chapitre de Saint-Pierre de Rome honorent d'une façon spéciale Notre-Dame du Perpétuel-Secours ; en présence d'une foule nombreuse de pèlerins, ils placent une couronne précieuse sur la tête de l'Enfant Jésus et une autre sur celle de sa Mère. Par la suite, les Rédemptoristes choisissent Notre-Dame du Perpétuel-Secours comme patronne de leurs missions populaires et instituent des suppliques en son honneur. Le 31 mars 1876, ils fondent une association de prières: l'Archiconfrérie de Notre-Dame du Perpétuel-Secours. En 1882, le peuple Haïtien attribue à Notre-Dame du Perpétuel-Secours sa libération de la vérole noire.

 

En plein XXème siècle, au Vietnam, les communistes détruisent les églises ou les transforment en centres communautaires, mais ils ne peuvent toucher au sanctuaire dédié à Notre-Dame du Perpétuel-Secours, ni empêcher les chrétiens de s'y rassembler. Aujourd'hui encore, l'Eglise célèbre la fête de Notre-Dame du Perpétuel-Secours le 27 juin. En plusieurs églises d'Amérique du Nord, on prépare cette fête par une neuvaine de prières. Chaque semaine, des milliers de pèlerins participent à la neuvaine perpétuelle à Singapour, à Baclaran (Philippines)... Notre-Dame du Perpétuel-Secours est présente sur tous les continents ; elle secourt toute personne qui la prie avec confiance.

L'icône est une fenêtre sur l'invisible. Et pour bien lire l'icône de Notre-Dame du Perpétuel-Secours, il faut regarder la Bible.

L'archange Gabriel1 qui, le premier annonça le temps du salut par cette salutation à la Vierge: "Réjouis-toi, comblée de grâce",2 présente la croix et les clous du Calvaire.

Jésus lève les yeux vers celui qui se tient devant Dieu ;3 c'est en demeurant tourné vers le Père qu'Il reçoit sa mission.4 Une fois revêtu d'une nature mortelle,5 le Fils de Dieu devient soumis à la crainte de la mort et, en voyant de tels objets, il est saisi d'effroi.6 Nous sommes témoins de cette terrible vision de la passion et de la réponse que le Fils donne au Père: Il laisse tomber sa sandale;7 le Rédempteur8 manifeste son droit de rachat sur la terre9 et bénit la Femme (l'Eglise), en lui donnant une descendance aussi nombreuse que les astres du ciel.10

La Mère de Dieu porte son Fils près de son coeur;11 elle est là, dans la foi, près du Christ12 qui donne sa vie par amour pour nous pécheurs.13 Notre-Dame du Perpétuel-Secours (l'Eglise), exerce sa maternité envers toutes les personnes qui accueillent la Parole du Seigneur;14 son regard nous invite à contempler dans toutes les situations le mystère de l'Incarnation rédemptrice.15

L'archange Michel16 qui, dans le ciel, mène un combat avec ses anges contre les ennemis de l'Incarnation / l'Eglise,17 présente une éponge au bout d'un roseau18 et une lance, pour que l'Ecriture fût parfaitement accomplie.19

Une grande paix se dégage de cette icône; elle est toute divine, tout intérieure, cachée dans la souffrance, comme un trésor du Royaume de Dieu.20

Père Mario Doyle, C.Ss.R.

NOTES: 

1. dont le nom signifie en hébreu: héros de Dieu / 2. Lc 1,28 / 3. Lc 1,19 / 4. Jn 1,1-2; 17,1-5; Lc 23,46 / 5. Ph 2,6-11 / 6. Lc 22,41-44 / 7. Ruth 4,1-12; Dt 25,5-10 / 8. "goël" en hébreu / 9. Ep 1,13-20 / 10. Jn 19,26; Mc 12,18-27 et par. / 11. Lc 2,35.51 / 12. Jn 19,25 / 13. Rm 5,8-11 / 14. Jn 19,27 / 15. Nb 21,4-9; Sg 16,5-7; Jn 3,14-21; 19,37; Ap 1,7-8 / 16. dont le nom signifie en hébreu: qui est comme Dieu / 17. Ap 12,7 / 18. Mt 27,48 / 19. Jn 19,28-36 / 20. Mt 13,44

 

De retour à Huu Bang, Van est écoeuré par l’atmosphère viciée qu’il retrouve. Alors il voit dans sa tête comme un film lui présentant tous les saints. Il a l’intuition qu’ils ont pu se garder purs tout au long de leur vie car ils s’étaient confiés à la Sainte Vierge. Il avait douze ans.

Les yeux bien secs, le visage épanoui et le coeur apaisé, je me levai en hâte et j'entrai rapidement à l'église. Là, je m'agenouillai devant l'image de Notre-Dame du Perpétuel Secours, puis les deux mains posées sur l'autel, et le regard fixé sur ma Mère Marie, je prononçai les paroles suivantes: "O Mère, je fais le voeu de garder la virginité comme vous durant toute ma vie."

Ces paroles à peine prononcées, je sentis mon coeur inondé d'une joie qu'aucune plume ne peut décrire. Incapable de me contenir, j'ai dû sortir aussitôt de l'église. J'avais l'assurance que désormais la Sainte Vierge serait la gardienne de ma virginité, puisque je lui avais fait le voeu de garder la virginité perpétuelle. Ma vie sera désormais sa vie, mes peines seront aussi ses peines, et mon rôle à moi sera de rester toujours blotti sous son manteau immaculé. En sortant de l'église, je me mis à courir et à sauter en tous sens comme l'écume blanche qui danse au pied d'une chute.

Aut. 463-464

Thérèse a révélé à Van qu’il ne serait pas prêtre. Triste, mais voulant par-dessus faire plaisir à Dieu, Van décide alors de devenir religieux, mais dans quel ordre, puisqu’il ne lui est pas possible d’être carmélite ?

Donc, durant ces nuits sans sommeil, je passais mon temps à dire le chapelet, veillant avec la Sainte Vierge et m'entretenant avec elle. Cette nuit-là, je suivais exactement le même programme; mais après avoir médité sur les mystères joyeux et commencé les mystères douloureux, je m'endormis soudain, et c'est alors que se produisit l'heureux songe que voici: je rêvais que, étant couché sur le côté, la face tournée vers le mur, je continuais attentivement la récitation du chapelet, tout comme lorsque j'étais éveillé. Tout à coup, j'aperçus, venant du côté de la salle d'étude, quelqu'un qui s'avançait vers la tête de mon lit. (...)

Ce personnage venant à moi était assez grand, habillé tout de noir, et son visage reflétait une grande bonté. Je remarquai qu'il portait à l'intérieur un habit noir ajusté par une ceinture, et descendant jusqu'aux talons. Il était enveloppé dans un ample manteau de la même longueur et avait la tête couverte d'une calotte noire; sur le collet de son habit émergeait quelque chose de blanc. Ses deux bras à moitié dissimulés sous son manteau n'étaient visibles qu'à partir du coude. De la main gauche, il tenait un chapelet aux gros grains qui descendait presque jusqu'aux genoux, mais dont je ne voyais ni le crucifix ni l'extrémité. Tout au début, je croyais avoir affaire à un fantôme, et je me proposais de prendre la fuite. Mais, reprenant aussitôt mon calme, je me dis: "Est-ce qu'un fantôme tient un chapelet à la main ? C'est peut être la Sainte Vierge ? Mais pourquoi est-elle tout habillée de noir ? A moins que ce ne soit Notre-Dame des Sept Douleurs ! Oui, c'est certainement elle qui vient à moi habillée de noir, parce que j'étais en train de méditer les mystères douloureux. (...)

Toutefois, je n'osais demander à ce personnage qui il était, parce que, selon moi, il n'y avait pas de doute: seule Notre-Dame des Sept Douleurs pouvait s'habiller ainsi tout de noir. (...) Le personnage me laissait donc le regarder et penser de lui tout ce que je voulais. Quant à lui, sans dire qui il était, il se contentait de sourire et de me caresser d'une façon on ne peut plus affectueuse. Après, je vis son visage s'illuminer encore davantage, et tout son corps rayonner d'une beauté ravissante. Je regrette beaucoup de devoir me borner à dire qu'il était beau, mais sans pouvoir décrire la nature de cette beauté. Puis le personnage me posa doucement cette question: "Mon enfant, veux-tu ?"

Surpris, je ne comprenais pas bien ce qu'il pouvait me demander de vouloir; mais spontanément je répondis: "O Mère, oui je le veux." (...)

Plus tard, alors que Van sera rentré chez les rédemptoristes, en voyant une statue de saint Alphonse de Liguori (fondateur des rédemptoristes) il aura la surprise de reconnaître l’apparition de cette nuit.

Quelques jours après ce saint rêve, je fus chargé d'assurer la propreté dans une partie de la maison, et à cette occasion j'ai pu tirer du fond d'une armoire une pile de la revue (DUC BA HANG CUU GIUP) "Notre-Dame du Perpétuel Secours", publiée par les Pères Rédemptoristes. C'était là je n'en doute pas une faveur de la Sainte Vierge. Je mis en ordre ces numéros et je les parcourus pour voir s'ils renfermaient quelques articles sur la Sainte Vierge. Je constatai bien vite que ces annales m'avaient aidé à intensifier ma dévotion envers ma Mère du ciel, et de plus à me rapprocher du but vers lequel je tendais. Je commençai à connaître et à aimer la Congrégation pour cette simple raison que les Rédemptoristes avaient une dévotion toute spéciale envers la Sainte Vierge. De là que la Congrégation me plaisait, et que mon unique désir était d'y être admis.

J'exposai donc cette affaire à ma soeur sainte Thérèse qui me répondit avec joie: "Tu veux entrer chez les Rédemptoristes ? Très bien, petit frère, c'est précisément la Congrégation où la Sainte Vierge veut te conduire. Maintenant que tu y consens, sa volonté se trouve réalisée. Oui, plus tard tu entreras chez les Rédemptoristes."

Alors Thérèse, changeant de ton continua: "Cependant, petit frère chéri, ma toute petite âme, tu rencontreras des épines sur la route, et le ciel maintenant serein se couvrira de sombres nuages. Il faut que je t'avertisse d'avance, afin que tu sois prêt à accepter l'épreuve qui précédera ta rupture d'avec le monde pour entrer en religion, comme tu le désires. L'adversité t'attend... Tu verseras des larmes, tu perdras la joie et tu auras l'impression d'être un homme réduit au désespoir. Ici même à Quang-Uyên, tu seras délaissé, on se moquera de toi comme de quelqu'un qui a perdu l'esprit, on te chassera et on te couvrira de honte. Mais rappelle-toi que c'est ainsi que le monde a traité Jésus, et si tu veux devenir Rédemptoriste, il te faudra aussi accepter d'être maltraité comme Jésus Rédempteur... Et après que tu auras été ainsi foulé aux pieds, ta famille sera encore pour toi un sujet d'amertume qui consommera ta séparation d'avec le monde. Cependant, Van, n'aie pas peur. Pendant que tu subiras cette tempête dans ton coeur, Jésus continuera de vivre dans la barque de ton âme, et là, bien que sommeillant, il ne cessera de t'aimer et de t'aider à lutter contre la tempête. Ne t'inquiète pas de voir la sécheresse s'installer dans ton coeur; garde, la certitude que c’est là une preuve de ton profond amour pour Jésus, puisque c'est par amour pour lui que tu endures cette souffrance, tout en soupirant ardemment après sa venue. De plus, tu ne m'entendras plus causer familièrement avec toi comme je le fais maintenant. Ne va pas croire trop vite que je t'ai abandonné. Au contraire, je reste sans cesse à côté de toi, petit frère, comme l'exige mon devoir de grande soeur. Crois bien ceci: accepter le mépris par amour, c'est la gloire de l'amour; souffrir par amour, c'est donner à l'amour plus de consistance, plus d'intimité. En ce monde, c'est la souffrance qui est la preuve de ton amour, c'est la souffrance qui donne à ton amour toute sa signification et toute sa valeur."

Aut. 659-671

O Marie !

Depuis longtemps, tu vois que je vis dans une profonde tristesse, voisine du découragement. Mon coeur est sec, mon âme sans chaleur, mon amour ardent pour Jésus, ton enfant, est devenu comme une parole ironique.

O Mère, je souffre beaucoup, et je pense que tu comprends très bien ma souffrance. Oui, j’en suis même certain, car si tu ne me comprenais pas, toi, qui donc pourrait me comprendre ? J'ai remis ma destinée entre tes mains pour que tu la diriges, je t'ai confié aussi le soin de régler mes affections, comment alors ne comprendrais-tu pas ce qui se passe dans mon âme ?

O ma Mère chérie, je souffre beaucoup. Que de fois mon coeur a laissé échapper des paroles de tristesse. Quand j'y pense je ne puis m'empêcher d'être honteux. O Mère, tu comprends que cela est dû encore à l'excès de mon amour. Par exemple, dans ces moments-là, mon coeur bat si fort, que j'ai comme l'impression qu'il va sortir de ma poitrine, et qu'il veut embrasser tout ce qui existe pour l'aimer; cependant, il est retenu par l'amour qui l'unit à Jésus. Pourtant, je ne vois pas Jésus répondre à l'amour qui bouillonne dans mon coeur. Si je laisse échapper cette plainte, c'est vraiment à cause de mon amour excessif. Si mon coeur voit l'impétuosité de son amour étouffé dans un cadre étroit, c'est en raison de son amour...

Une telle situation engendre pour moi bien d'autres peines qui viennent encore accroître ma tristesse.

Cependant, ô Mère, tu es encore là, près de moi, tu vas me conduire par la main, me donner le courage et la force de franchir sans crainte les défilés semés d'épines.

Aujourd'hui, en revoyant dans ma mémoire, les jours où tu m'as protégé,... non seulement je te dis merci, mais, parce que durant mon séjour sur terre, je ne pourrai t'exprimer ma reconnaissance par des paroles, il ne me reste plus qu'à t'offrir mon coeur. C'est là un geste que tu comprends très bien, pour me l'avoir enseigné toi-même.

Je te demande encore de rester toujours près de moi, de me protéger, d'être en tout mon perpétuel secours, jusqu'au jour où Jésus me conduira au ciel. Alors, étant en sécurité dans tes bras, comme un tout petit enfant, avec Jésus, je chanterai tes louanges et te dirai un éternel merci. " L'heure est passée ".

Ecr. 32

 

"Pierre, que demandes-tu ?"

"La Miséricorde du Père, la douceur du Saint-Esprit et la pauvreté du coeur de Marie... et après deux années de vie et de discernement, de pouvoir suivre le Christ mon Sauveur dans la Communauté du Carmel de Marie Vierge Missionnaire."

Ainsi commence le dialogue entre le célébrant et le postulant au noviciat. Après la Liturgie de la Parole, vient le moment de la prise d'habit. A travers le Père Marie-Michel en habit de Carme, Père dans la foi qui revêt de l'habit le premier frère de la Vierge Missionnaire, c'est le mystère même de la Mère Eglise qui est manifesté, celui de la Tradition qui transmet ce qu'elle a reçu et qui en même temps accueille et enfante le nouvel engendré par l'Esprit : "En ceci consiste l'Amour : ce n'est pas nous qui avons aimé Dieu... mais c'est lui qui nous a aimés le premier." (1Jn 4,10 et 19).

Aujourd'hui, c'est la communauté toute entière qui, revêtant l'habit, entre en noviciat, un noviciat enfin visible, aux couleurs de la Vierge Missionnaire !

La tunique bleue "jean", bleu parce que c'est la couleur de Marie et "jean" parce que c'est le tissus pauvre et commun d'aujourd'hui, est le signe de l'homme nouveau; la large ceinture de cuir celui de l'obéissance pascale; le scapulaire, en valeur marron, le signe du "joug du Christ facile à porter", aux couleurs de Marie Reine et Beauté du Carmel, et signe de sa tendresse maternelle. Van ne décrit-il pas le programme de vie intérieure de la religieuse que Jésus lui a fait voir (voir bulletin n°13) comme ne différant en rien de celui d'une carmélite ?

La croix de la Vierge Missionnaire, qui repose sur la poitrine, rappelle l'invitation du Christ à ses premiers disciples : "Viens et vois", invitation intime à le suivre jusqu'au Golgotha où avec Marie l'on trouvera la plénitude de l'Amour. Le Saint Rosaire, pour nous un chapelet cheiks de laine, "écho" de la prière de Jésus et ouverture avec le monde de l'orthodoxie, gardera notre main dans celle de Marie afin que notre vie devienne prière : la prière de Marie conduit à Jésus !

Par l'imposition du manteau d'Elie, large cape de bure marron, le novice accueille le double esprit d'Elie et sa vocation érémitique et prophétique vierge et missionnaire. ("Cette communauté gardera le silence d'un muet, tout en travaillant au milieu du tumulte des voix"- Van, Lettre du 29.10.1950).

Le manteau blanc de la Vierge, signe lumineux de la résurrection nous invite à vivre à chaque instant de sa propre intériorité maternelle : avec Thérèse, être Amour au coeur de l'Eglise, avec Van devenir de jour en jour plus enfant.

Au terme de la cérémonie, après l'invocation de l'Esprit-Saint, le célébrant s'adresse encore au novice : "Pierre, désormais tu seras connu parmi nous sous le nom de frère Marie-Van de l'Amour Miséricordieux ! Que la paix soit toujours avec toi !"

Nés de la Miséricorde, mes frères et soeurs et moi-même, c'est ce que nous sommes tous, parce que nous découvrons chaque jour davantage combien nous avons besoin d'être sauvés et que "ce qu'il y a de fou dans le monde, ce qu'il y a de faible, voilà ceux que Dieu a choisis !" (1Co, 26-31).

Le Père Marie-Michel ajoute à son nom le mystère du "Coeur Immaculé et de Gethsémani", et Stéphane devient frère Séraphim de la Trinité. Quant à Chrystelle et Magali, elles reçoivent l'habit de postulante.

Ce nom nouveau, (au vainqueur je donnerai un caillou blanc portant gravé... un nom nouveau" que nul ne connaît, hormis celui qui le reçoit." (Ap 2,16-17), est pour moi le signe d'une vie nouvelle qui commence, toute entière accordée avec l'appel de Dieu : avec Van, ressembler à Marie pour être comme Thérèse tout à Jésus et à son Eglise dans la consécration de tout moi-même à travers l'offrande radicale de ma pauvreté. Et je peux dire qu'enfin je me sens être celui que je suis, en vérité, celui que le Seigneur avait tissé par son amour dès le sein de ma mère, depuis toute éternité ! Je vis comme un nouveau baptême ce rendez-vous avec mon Dieu, le Dieu vivant qui m'épouse dans ma pauvreté, qui me sauve par sa Miséricorde et qui m'appelle à le suivre, désormais vivant et libre, et vraiment je fais miennes en ce jour ces paroles de Van racontant ses premiers instants passés dans sa nouvelle cellule lors de son entrée au noviciat : "... cette chambre est devenue aussitôt pour moi un lieu de ferveur... je n'y suis pas seul, toute une famille y habite dans l'intimité et la charité, le regard fixé sur moi avec la plus grande affection... je pleurais parce que je me sentais aimé... Désormais l'Amour sera l'unique trésor de ma vie... J'ai trouvé en religion une source de bonheur, j'y ai acquis le plus haut degré de liberté... ma joie c'est d'aimer et d'être aimé..."

En ce jour très émouvant, rempli d’amour et de joie profonde, vécu dans la simplicité de la communion fraternelle et familiale, un coin de ciel s'est levé pour illuminer la terre de notre petit Carmel d'une paix profonde et joyeuse.

Frère Marie-Van

Beaufort, un petit village à 550 km de Paris dans le Sud de la France. (Avec le TGV à 250 km à l’heure), il faut deux heures et demie pour atteindre Valence. Puis de là, il faut environ une demi-heure avec un train omnibus qui nous conduit à Crest (une petite ville). Ajoutez encore une demi-heure de voiture et vous serez là à Beaufort.

Ici, une chose extraordinaire qu’on n’a jamais vue, tout le monde, jeunes ou vieux, s’empresse de parler de Van comme d’un cher ami ; bien qu’il soit étranger il est très connu, il est tout à la fois loin et proche ! Car la vie en Europe et en Asie est très différente mais les aspirations humaines sont toujours les mêmes ! ¼

C’est précisément dans ce petit village qu’aujourd’hui (7 octobre 1998) commence à exister officiellement un monastère qui porte le nom de "Carmel de la Vierge Missionnaire". Plus de cinquante ans auparavant, Jésus avait révélé à Van son désir de voir fonder ce monastère.

Au cours de la cérémonie de prise d’habit pour l’entrée au noviciat de cette nouvelle fondation, le Père Marie-Michel (carme) a retracé les traits essentiels qui ont mené à cette nouvelle branche du Carmel, pendant près de deux heures de prière et de partage de la Parole de Dieu, ponctuées par des chants dont les paroles sont tirées des poèmes de Marcel Van et mises en musique par les frères du monastère (il n’y a pas de messe dans cette cérémonie). Ce sont des paroles pleines de feu pour l’amour de Jésus et de notre vénérable Mère Marie.

Parmi ceux qui vont prendre l’habit pour entrer au noviciat aujourd’hui, il y a deux frères : Pierre et Stéphane. Frère Pierre porte maintenant le nouveau nom de "Marie-Van de l’Amour Miséricordieux", frère Stéphane porte le nom de "Séraphim de la Trinité". Après avoir vêtu les frères, le Père Marie-Michel, Supérieur, reçoit à son tour l’habit de "La Vierge Missionnaire" par les mains du frère Marie-Van. Après avoir enlevé son habit marron de carme, il revêt son nouvel habit bleu couleur jeans et son scapulaire en velours marron et reçoit son nouveau nom : "Marie-Michel du Coeur Immaculé et de Gethsémani".

Il y aura ensuite une cérémonie de prise d’habit de postulante pour deux sœurs.

A partir de maintenant, cette nouvelle fondation est particulièrement confiée à la protection de la Vierge Marie, de Saint Joseph, de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, et Van aussi est considéré comme un petit guide qui apporte une nouvelle inspiration pour la vie monastique. C’est précisément pour cela que Van a aussi une place importante au pied de l’autel principal à côté de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus.

Après la cérémonie religieuse à la chapelle, il y aura évidemment ce jour-là un petit banquet offert par le monastère à ses hôtes. Durant ce repas, on parle beaucoup de Van¼ Quant à moi, son vieil ami, je ne connais absolument rien de Van ! ou plus exactement, je ne le connais que de l’extérieur mais son âme je l’ignore complètement !¼

Quoi qu’il en soit, Van a un geste particulièrement délicat envers son compagnon d’antan, que l’on rappelle pendant ce repas comme un petit miracle que Van a fait pour son ami : la veille au soir, à notre arrivée, on nous avait conduit dans notre chambre (chaque chambre porte un nom). Chacun s’était installé. Mais ce soir-là il faisait très froid. La sœur qui s’occupait de nous craignait que nous "mourions" de froid et nous avait apporté d’autres couvertures. Tout le monde claquait des dents et moi j’insistais pour dire à tout le monde que les chambres étaient chauffées, mais personne ne me croyait. J’allais contrôler les radiateurs de toutes les chambres et je constatais qu’ils étaient tous froids. Mais pourquoi celui de ma chambre était-il chaud ? Ceux qui logeaient près de moi venaient vérifier que mon radiateur était chaud et que les leurs étaient froids. Ils pensaient que peut-être le chauffage central venait d’être mis en marche et que l’eau chaude ne circulait pas encore régulièrement !¼

Le lendemain au réveil, chacun disait qu’il n’avait pu dormir la nuit à cause du froid. Quant à moi, au contraire ma chambre était bien chauffée, j’ai eu un bon sommeil, lorsque je me suis réveillé j’ai vu que l’horloge indiquait six heures moins dix. Jamais je n’avais eu une nuit aussi tranquille où j’ai pu dormir d’une seule traite ! Jusqu’à midi j’ai encore invité mes amis à vérifier mon radiateur. Tout le monde était stupéfait ! Frère Marie-Van (celui qui vient de prendre l’habit) s’écria : "C’est impossible ! Le chauffage central n’a pas été mis en marche. Pourquoi le radiateur de cette chambre est-il chaud ?"

C’était vraiment un geste particulièrement délicat du Frère Marcel Van envers son compagnon de route de jadis ! Ce pourrait être pour me dire qu’il est toujours présent à mes côtés !¼

Merci Van ! Mille mercis !¼

Alp

 

 

-1-

O Mère, pourquoi tant de tendresse dans ton regard ?

Quand tu penches la tête et fixes les yeux sur moi,

Je vois sur ton visage une extrême bonté.

Ton regard est pour moi une tendre caresse.

-2-

O Marie, que ton regard est attachant

Je crois y lire ton ardent amour,

Ta profonde compassion pour mon âme,

Et pour ma vie toute remplie de souffrances.

-3-

Tu me regardes, tu me regardes sans cesse,

Tant dans les jours de joie que de tristesse,

Et ton regard est une invitation à me jeter dans tes bras

Pour y être cajolé et guéri de mes blessures.

-4-

Ton regard est ma consolation dans mes peines,

Il est la joie et la paix de mon coeur.

Si je fais un faux pas et tombe dans le péché,

Ton regard est un avertissement pour mon âme.

-5-

Les jours où je suis joyeux tu me regardes aussi avec amour,

Comme pour ajouter encore à ma joie, et dans ta bonté,

Tu n'oublies pas de me regarder dans les combats de la vie,

Comme pour m’encourager à garder patience.

-6-

Surtout dans les moments où je suis à bout de force,

Tu ne manques jamais de me regarder.

Dans le trouble comme dans les dangers,

Ton regard est mon réconfort et mon soutien.

-7-

Oh! Marie, je t'aime beaucoup!

Il me suffit de regarder ton visage pour être rassuré;

Il me suffit de regarder ton visage pour dissiper ma tristesse;

Il me suffit de regarder ton visage pour recouvrer la paix.

-8-

O Mère chérie, que de tendresse dans ton regard!

Regarde-moi jusqu'à mon arrivée en paradis,

Jusqu'au moment où comme englouti dans la pupille de tes yeux,

Je contemplerai avec toi le Dieu d'une tendresse infinie.

 

Ce poème a été mis en musique et chanté au Carmel de la Vierge Missionnaire.

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