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Frère Marcel Van C. SS. R
(1928 - 1959) (1928 - 1959)

Bulletin (n°16 ) de l'Association des Amis de Van

pour accompagner la cause du Frère Marcel

 

SOMMAIRE

  • Éditorial
  • - La rencontre de Van et de Thérèse -
  • Van et Élisabeth de la Trinité
  • Ils ont 14 ans !
  • Élisabeth de la Trinité
  • Nous sommes des enfants du Père
  • Van en Côte d’Ivoire
  • Témoignages de deux séminaristes
  • Prions avec le Frère Marcel
  • Dans l’attente du Dieu d’Amour
  • Mon petit frère, demeure ferme dans la charité
  • O mon petit frère
  • - Les Amis de Van - 
  • ÉDITO

    «Dieu est Père, et ce Père est Amour». Merveilleuse annonce que fait sainte Thérèse à Van. Annonce que le saint Père fait à chacun d’entre nous en cette dernière année préparatoire au grand jubilé :

    Merci Père plein de bonté,

    pour le don de l’année jubilaire;

    fais qu’elle soit un temps favorable,

    une année de grand retour à la maison paternelle,

    où, dans ton grand amour, tu attends tes fils égarés

    pour leur donner le baiser du pardon

    et les accueillir à ta table revêtus des habits de fête.

    Devant un amour si grand, le cœur empli de reconnaissance et avec la simplicité d’un enfant, Van, dans un élan d’amour, veut s’offrir au Dieu Trinité. Il aurait pu faire sienne la si belle prière d’Elisabeth de la Trinité : «O mon Dieu, Trinité que j’adore, aidez-moi à m’oublier entièrement pour m’établir en vous». L’abbé Jean Rémy nous montre que c’est un même élan qui a habité les cœurs d’Elisabeth et de Van, celui de la sainteté, à laquelle nous sommes appelés.

    Sainteté qui trouve sa source dans notre filiation du Père, filiation que le Père Smagghue, professeur d’Écriture sainte et de théologie à l’abbaye Saint-Wandrille, nous explique de façon à bien comprendre les paroles de Thérèse sur la paternité de Dieu.

    Deux séminaristes ivoiriens nous font part de leur joie d’avoir découvert Van. Il se révèle à eux comme un frère aîné qui les guidera et les protégera tout au long de leur vie sacerdotale.

    Les prières sont des exhortations de Thérèse à ne jamais se décourager, à se laisser envahir par le feu de l’amour et à ouvrir grand les yeux, ceux de la foi afin de voir et de contempler le Père qui nous aime.

    Père Olivier de Roulhac, m.b.

    - La rencontre de Van et de Thérèse -

    Van, dans sa quête de sainteté, cherchait un modèle qu’il puisse suivre avec toute l’ardeur de son cœur rempli d’amour pour Jésus. Hélas, les vies de saints qu’il avait lues mettaient en valeur, selon le style hagiographique de l’époque, les exploits de leur ascèse. A dire vrai les descriptions données faisaient d’eux des surhommes (ou des superfemmes) capables de rester plusieurs jours sans manger, sans boire, sans dormir, tout en conservant une exquise délicatesse pour tous ceux qui vivaient avec eux. De tels panégyriques, si éloignés de la réalité, ne pouvaient que décourager une âme aussi simple et aussi naïve que celle de Van. Après avoir longuement prié la sainte Vierge, il lui demande de guider son bras pour choisir un livre au hasard dans la bibliothèque du petit séminaire de Langson, et il s’engage à le lire en entier. C’est ainsi qu’il prend Histoire d’une âme, vie d’une carmélite de Lisieux. Titre bien peu engageant, mais il avait promis de lire ce livre. Dès les premières pages, il est inondé de bonheur et laisse échapper des larmes de joie.

    Ce qui mit le comble à mon émotion, ce fut ce raisonnement de Sainte Thérèse : «Si Dieu ne s’abaissait que vers les fleurs les plus belles, symboles des saints Docteurs, son Amour ne serait pas un amour absolu, car le propre de l’amour, c’est de s’abaisser jusqu’à l’extrême limite.» Puis prenant l’exemple du soleil, elle écrit : «De même que le soleil éclaire à la fois le cèdre et la petite fleur, de même l’Astre divin illumine particulièrement chacune des âmes grandes ou petites.»

    Oh ! Quel raisonnement simple, dans sa profondeur ! A la lecture de ces paroles, j’ai pu comprendre un peu l’immensité [572] du cœur de Dieu qui dépasse toutes les limites créées, ce qui veut dire qu’il est infini. Aussi, sans avoir besoin de raisonner davantage, je trouvais dans cette parole la clé qui m’ouvrait une voie droite et agréable conduisant jusqu’au sommet de la perfection. J’ai compris que Dieu est amour et que l’Amour s’accommode de toutes les formes de l’amour. Par conséquent je peux me sanctifier au moyen de toutes mes petites actions, comme un sourire, une parole ou un regard, pourvu que je fasse tout par amour. Oh ! Quel bonheur ! Thérèse est une sainte qui répond tout à fait à l’idée que je me faisais de la sainteté. Désormais je ne crains plus de devenir un saint. J’ai trouvé une voie qui, moins d’un siècle auparavant, a été suivie par une âme, et cette âme est arrivée au but suprême, tout comme beaucoup d’autres âmes qui autrefois ont suivi une voie douloureuse et semée d’épines. C’est la voie de l’Amour de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus.

    Le lendemain de cette découverte, écoutons le remercier sa chère maman, la Vierge Marie.

    [575] Ce jour-là, je me levai allègrement, frais et dispos, le cœur toujours débordant de joie ; je n’avais jusque là jamais connu un si beau matin. Après l’offrande de ma journée, je me rendis aussitôt à l’autel de Marie et je lui dis : «Sainte Vierge, ma Mère, c’est vraiment aujourd’hui le premier jour qu’il m’est donné de goûter un bonheur si doux ; le jour qui m’introduit dans une voie nouvelle. Je sens que Dieu m’aime, et parce qu’il m’aime, il m’a appelé à le suivre sur le sentier de la perfection. O Mère, son amour est vraiment un amour infini, et à la vue d’un tel amour, je ne sais quelles paroles employer pour lui dire ma reconnaissance, ni quel cœur lui offrir qui soit capable d’un amour qui réponde à son Amour. Permets que je vienne à toi avec mon pauvre cœur, que je le dépose entre tes mains, afin de l’offrir par toi au Dieu Trinité. Tu sais bien aussi que la digne offrande que je présente au Dieu Trinité n’est rien d’autre que l’Amour de Dieu ; [576] mais pour contenir cet Amour de Dieu, je n’ai rien que mon pauvre cœur. Désormais, ô Mère guide-moi dans ma nouvelle voie ; apprends-moi à aimer Dieu parfaitement et à m’offrir à lui avec une entière confiance. J’ose encore t’exprimer un désir : que ne puis-je être enveloppé de ton amour comme Thérèse, ta petite fleur blanche comme neige, l’a été autrefois. Je désire même que tu me donnes cette sainte pour être mon guide dans sa «petite voie». Oh ! Alors quel bonheur pour moi ! Car je sens que ma vie ne peut se libérer des sentiments de l’enfance que Dieu a imprimés dans mon âme comme un don inné.»

    Dieu aime exaucer les prières faites avec grande confiance. C’est lui-même qui inspire les demandes les plus hardies, nous faisant désirer le bien qu’il nous a préparé. Ainsi, grâce à la demande de Van, Dieu peut envoyer à Van sainte Thérèse de Lisieux. Écoutons-la :

    [591] Dieu m’a donné de te connaître depuis très longtemps, c’est-à-dire avant même que tu existes. Ta vie est apparue dans le regard mystérieux de la Divinité, et moi, je t’ai vu dans la lumière provenant de ce mystérieux regard. Je t’ai vu, et Dieu m’a confié le soin de veiller sur toi comme l’Ange gardien de ta vie. J’étais avec toi, te suivant pas à pas, comme une mère à côté de son enfant. Grande était ma joie, quand je voyais dans ton âme des points de parfaite ressemblance avec la mienne, et une conception de l’Amour ne différent en rien de la mienne. C’est là un effet de l’Amour divin qui, dans sa sagesse en a disposé ainsi.

    ..................................

    Maintenant, petit frère, je vais te parler du cœur du Père. Écoute-moi bien. [596] Dieu est notre Père. Que te disent ces paroles ? Naturellement elles font naître en ton âme des sentiments de profonde affection, n’est-ce pas ?

    -Oui, ma sœur, c’est exact. Je préfère appeler Dieu Père plutôt que Seigneur.

    -Bien qu’il soit toujours Seigneur, il agit avec nous uniquement comme un Père avec son enfant. Quant à sa majesté divine, il ne la manifeste qu’avec les orgueilleux qui résistent à ses commandements ; je veux dire que Dieu est forcé de montrer sa majesté envers ceux-là seulement qui n’aiment pas ses sentiments de père.

    Petit frère, écoute, je continue. Donc Dieu est Père, et ce Père est Amour. Il est d’une beauté et d’une bienveillance infinies. Il n’y a que l’infini qui soit capable de rendre le sens du nom de Père donné au Dieu Trinité. Rien qu’à contempler les créatures matérielles de ce monde, rien qu’à regarder autour de toi et en toi, tu peux reconnaître combien Dieu est bon et combien il nous aime !

    [597] Depuis le jour où nos premiers parents ont péché, Dieu a dû faire sentir sa colère et infliger un châtiment à l’humanité. Et depuis lors, la crainte qui a envahi le pauvre cœur humain, l’a fait trembler et lui a enlevé même la pensée d’un Dieu, Père infiniment bon. Et pourtant même alors, Dieu agissait envers l’humanité ingrate avec des sentiments de Père. Car s’il avait, à cet instant, fait sentir sa majesté divine, comment l’humanité aurait-elle pu subsister jusqu’à maintenant ? Vois-tu, petit frère ?

    A peine Dieu a-t-il annoncé le châtiment à nos premiers parents, qu’il leur promet aussitôt une source d’espérance : il enverra son Fils se faire homme sur terre pour rendre à l’humanité la grâce perdue par nos premiers parents. Après une telle marque d’amour, que pouvait-il faire de plus ? Et pourtant même à partir de ce jour, personne n’osera encore donner à Dieu le nom de Père. Ce n’est qu’après l’Incarnation du Verbe que Jésus, Sauveur du monde a donné à Dieu le nom de Père, et a enseigné au monde à utiliser ce nom pour prier le Dieu Très-haut.

    Van, mon cher petit frère, tu le vois, Dieu est notre Père. Mais parce que l’homme, pauvre pécheur dominé par la crainte, n’osait plus donner à Dieu [598] le nom de Père, Dieu lui-même s’est abaissé en se faisant homme, pour rappeler à ses frères humains l’existence d’une source de grâce que l’Amour du Père avait fait jaillir et qui continuerait à jaillir sans fin. Ensuite, de sa propre bouche, il nous a enseigné à lui donner le nom de Père.

    Oui, Dieu est notre Père, notre vrai Père, Père bien réel, et non père adoptif tel que le décrivent beaucoup d’orateurs célèbres qui affirment : «Il n’y a que Jésus qui soit le vrai Fils de Dieu ; quant à nous, nous ne sommes que des fils adoptifs.» Petit frère, n’ajoute jamais foi aux comparaisons qu’ils mettent en avant pour prouver leur assertion, car, bien que leurs dires soient raisonnables, ils ne s’appuient que sur la raison humaine, sans remonter jusqu’à la raison dernière qui est l’Amour de Dieu. Être les enfants de Dieu, c’est là pour nous un bonheur incomparable. Nous avons raison d’en être fiers et de ne jamais céder à une crainte excessive.

    -Dieu est notre Père bien-aimé ! O petit frère chéri ! Je voudrais te rappeler sans cesse ce nom si doux. Je te demande de t’exercer désormais à garder le souvenir habituel de [599] ce nom d’ «Amour», et de ne jamais prendre un air soucieux ou une attitude craintive en présence de cet Amour infiniment paternel. Oui, rappelle-toi toujours que Dieu est Père, qu’il t’a comblé de grâces, qu’il n’a jamais refusé de répondre à tes moindres désirs, que bien souvent même il t’a exaucé au-delà de tes désirs. Vraiment, tout proclame la bonté et la puissance de Dieu ; et cette puissance, il n’en fait usage que pour manifester la bonté de son cœur envers les créatures.

    N’aie jamais peur de Dieu. Il est le Père tout aimant, Il ne sait qu’aimer et désirer être aimé en retour. Il a soif de nos pauvres petits cœurs sortis de ses propres mains créatrices, et où il a déposé une étincelle d’amour provenant du foyer même de son Amour. Et son seul désir est de recueillir ces étincelles d’amour et de les unir à son Amour infini, afin que notre amour subsiste à jamais dans le sien. Enfin, c’est encore la force d’attraction de l’Amour qui nous attirera dans l’éternelle patrie de l’Amour. Offre à Dieu ton tout petit cœur. [600] Sois sincère avec lui en toute circonstance et en toutes tes attitudes. Lorsque tu éprouves de la joie, offre-lui cette joie qui dilate ton cœur, et par là tu lui communiqueras ta joie. Peut-il y avoir bonheur comparable à celui de s’aimer l’un l’autre, et de se communiquer tout ce qu’on possède ? Agir ainsi avec Dieu, c’est lui dire un merci qui lui plaît davantage que des milliers de cantiques émouvants. Si au contraire tu es envahi par la tristesse, dis-lui encore d’un cœur sincère : O mon Dieu, je suis bien triste ! Et demande-lui de t’aider à accepter cette tristesse avec patience. Crois bien ceci : rien ne fait autant plaisir au bon Dieu que de voir sur cette terre un cœur qui l’aime, qui est sincère avec lui, à chaque pas, à chaque sourire, comme aussi dans les larmes et dans les petits plaisirs d’un instant.

    Maintenant petit frère, il y a peut-être encore une chose que tu redoutes ; aie la patience de m’écouter pour t’y exercer, et tu en prendras l’habitude. Voici : quand tu parles au bon Dieu, fais-le en toute sincérité, comme si tu parlais avec ceux qui t’entourent. Tu peux lui raconter tout ce que tu veux ; [601] lui parler du jeu de billes, de l’ascension d’une montagne, des taquineries de tes camarades ; et s’il t’arrive de te mettre en colère contre quelqu’un, dis-le aussi au bon Dieu en toute sincérité. Dieu prend plaisir à écouter, bien plus, il a soif d’entendre ces petites histoires dont les gens sont trop avares avec lui. Ils peuvent sacrifier des heures à raconter des histoires amusantes à leurs amis, mais quand il s’agit du bon Dieu qui a soif d’entendre des histoires semblables, au point de pouvoir en verser des larmes, il ne se trouve personne pour lui en raconter. Désormais, petit frère, ne sois pas avare de tes histoires avec le bon Dieu. N’est-ce pas ? Thérèse riait.

    -Mais, sainte sœur, Dieu connaît déjà absolument toutes ces choses ; qu’est-il encore besoin de les lui raconter ?

    -C’est vrai, petit frère, Dieu connaît tout parfaitement. De toute éternité, tout est présent à ses yeux. De toute éternité aussi Dieu connaît absolument tout cela, sans que personne ait besoin de lui en parler. Cependant, pour «donner» l’amour et «recevoir» l’amour, il doit s’abaisser au niveau d’un homme comme toi ; et il le fait comme s’il oubliait complètement qu’il est Dieu, et qu’il connaît toute chose, dans l’espoir d’entendre une parole intime jaillir de ton cœur. Dieu agit ainsi parce qu’il t’aime ; il veut par là [602] te combler de grâces précieuses, te communiquer les bons désirs et tous les délices que l’on goûte dans son Amour.

    Je veux me servir ici d’un exemple. Lorsqu’un papa veut donner un baiser à son petit enfant, nécessairement, il ne peut rester planté là tout droit et exiger paresseusement que son enfant se hisse jusqu’à ses lèvres pour recevoir ce baiser sur la joue. Est-ce qu’un tel baiser pourrait être appelé un baiser vraiment affectueux ? Évidemment non ! Pour donner un baiser à son petit, il est entendu que le papa doit s’incliner profondément jusqu’à la portée de son visage, ou encore le prendre dans ses bras ; dans les deux cas, il doit s’abaisser.

    As-tu compris, petit frère ? Dieu est notre Père aimant. Dans le but de nous manifester son Amour et de recevoir l’amour que nous lui offrons, il a bien voulu s’abaisser lui-même jusqu’à nous. Il n’y a pour l’Amour aucune difficulté à s’abaisser ainsi. La seule difficulté devant laquelle Dieu semble être impuissant, c’est de constater notre manque d’amour et de confiance en lui. Il se voit rejeté de façon tout à fait injuste, et pourtant, lui, ne nous rejette jamais.

    [603] Petit frère, pour consoler le bon Dieu, suis mon conseil : ne sois jamais avare dans les choses dont je viens de te parler. Sois toujours prêt à lui offrir ton cœur, tes pensées et tous tes actes ; en les accueillant, ce sera pour lui comme accueillir un nouveau paradis où toute la Trinité trouve ses délices. Rappelle-toi ceci : bien qu’il soit Dieu, notre Père du ciel ne méprise jamais les petites choses. Il prend plaisir aux choses apparemment insignifiantes comme aux spectacles les plus grandioses, car tout cela est l’œuvre merveilleuse de son Amour. En outre, pour pouvoir affirmer qu’il y a amour, il faut qu’il y ait unité ; or l’unité entre deux amours exige d’un côté comme de l’autre, connaissance personnelle et compréhension mutuelle. De son côté, Dieu, notre Père bien-aimé, se connaît personnellement et nous comprend à fond. Quant à nous, nous avons besoin de lui pour arriver à nous connaître nous-mêmes et à le comprendre. Par conséquent, si tu ne voulais pas collaborer avec lui dans l’œuvre qui mène à l’unité, lui communiquant toutes tes intentions, tes paroles, tes actions et toutes tes démarches, jamais tu ne pourrais arriver à l’unité. [604] Petit frère, essaye d’y penser, pour voir. Il n’y a aucune exagération dans mes paroles. Je t’aime, parce que tu es une âme qui fait partie de ma phalange d’Amour. Vu que tu es mon petit frère, mon seul désir est de te voir accomplir les œuvres que l’Amour divin désire si ardemment de toi. Allons petit frère, écoute-moi. Désormais, dans tes relations avec ton Père du ciel, ne manque pas de suivre mes conseils.

    Maintenant, il se fait tard, permets que j’interrompe ici notre conversation. Car c’est déjà l’heure du repas ; Tam et Hiên t’attendant, et Tam commence à s’impatienter... Je te donne un baiser... Nous aurons encore beaucoup d’occasions de causer ensemble, et nous pourrons le faire n’importe où, sans craindre que personne ne le sache.»

    Aut. 571-604

    Van et Élisabeth de la Trinité

    Ils ont 14 ans !

    Oui, il a 14 ans en 1942, le petit Van lorsque dans la cure de Sainte-Thérèse de l’Enfant-Jésus, à Quang-Uyên au Tonkin, il tombe un jour sur l’Histoire d’une âme, l’âme de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face qui aura tant d’importance dans sa vie.

    Il est bouleversé ! Il pleure toutes les larmes de son corps mais surtout il comprend ce qui va être le ressort de toute sa vie et de sa mort au camp de Yen-Bay le 10 juillet 1959.

    Tout de suite après cette lecture il s’adresse à la Vierge Marie : «Sainte Vierge, ma Mère, c’est vraiment aujourd’hui le premier jour qu’il m’est donné de goûter un bonheur si doux ; le jour qui m’introduit dans une voie nouvelle. Je sens que Dieu m’aime, et parce qu’il m’aime il m’a appelé à le suivre sur le sentier de la perfection. O Mère, son amour est vraiment un amour infini, et à la vue d’un tel amour, je ne sais quelles paroles employer pour lui dire ma reconnaissance, ni quel cœur lui offrir qui soit capable d’un amour qui réponde à son Amour. Permets que je vienne à toi avec mon pauvre cœur, que je le dépose entre tes mains, afin de l’offrir par toi au Dieu Trinité...».

    Oui, elle a 14 ans à Dijon en 1894 la jeune Elisabeth Catez qui va devenir la bienheureuse Elisabeth de la Trinité. Elle habite avec sa maman, veuve, et sa petite soeur Guite, rue Prieur de la Côte d’Or à Dijon. Dès l’âge de 7 ans, elle a senti mystérieusement l’appel de Jésus à devenir religieuse et un jour, après avoir reçu le Corps du Christ, Sabeth Catez se sent irrésistiblement poussée à lui consacrer toute sa vie.

    Elle-même raconte : « j’allais avoir 14 ans, quand un jour, pendant mon action de grâces, je me sentis irrésistiblement poussée à le choisir comme unique époux et sans délai, je me liais à lui par le voeu de virginité. Nous ne nous dîmes rien, mais nous nous donnâmes l’un et l’autre en nous aimant si fort que la résolution d’être toute à lui devient chez moi plus définitive encore.

    Nous retrouvons dans ces deux confidences d’adolescents les éléments essentiels d’une vocation à la sainteté (celle à laquelle nous sommes tous appelés !).

    Dieu nous aime d’un amour infini. Cet amour attend une réponse d’Amour. C’est l’extraordinaire réciprocité à laquelle nous sommes tous conviés. Van affirme : «A la vue d’un tel amour, je veux lui offrir un coeur capable d’un amour qui répond à son amour». Elisabeth le dit aussi : «Nous nous donnâmes l’un à l’autre en nous aimant si fort que la résolution d’être tout à lui devint chez moi, plus définitive encore.»

    Mais il ne suffit pas d’aimer et d’être aimé, il faut prouver cet amour par des actes. Van comprend tout de suite : «je veux le suivre sur ce chemin de la perfection», et nous savons comment cette résolution va se concrétiser durant toute sa vie de novice et plus encore durant sa détention dans les camps de rééducation. Elisabeth prend la même décision : «je me liais à lui par le voeu de virginité» et nous savons par son journal, ses lettres, ses poésies et ses traités spirituels comment elle est allée jusqu’au bout de cet amour sponsal.

    L’Amour de Jésus conduit toujours à l’Amour de la Trinité : «personne ne vient au Père que par moi». Van va offrir son coeur au Dieu Trinité. Elisabeth ne cite pas la Trinité dans cette courte confidence mais toute sa vie de carmélite va être consacrée à Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit auquel elle s’adresse dans son admirable prière : «Ô mon Dieu, Trinité que j’adore».

    Enfin, il n’y a de vie chrétienne, de vocation sacerdotale ou religieuse que par l’intercession de la Vierge Marie. Van réagit tout de suite de cette façon : «Sainte Vierge Marie, ma Mère, permettez-moi que je vienne à vous avec mon pauvre coeur et que je le dépose entre vos mains afin de l’offrir par vous au Dieu Trinité». C’est ce que fera Elisabeth lorsque sa maman après lui avoir refusé d’entrer au Carmel lui donne enfin son accord : «Marie, ô ma Mère bien aimée, ô Vierge que j’ai tant invoqué ; Mère c’est trop de bonheur, oh! quelle Joie dans mon coeur.»

    A 14 ans, Van comme Elisabeth ont tout reçu, tout compris, tout donné. Qu’ils nous aident quelque soit notre âge et les circonstances concrètes de notre vie à marcher comme eux, avec eux, sur le même chemin, celui de la sainteté « pour la gloire de Dieu et le salut du monde».

    Abbé Jean Remy

    Prêtre du diocèse de Cambrai

    Elisabeth de la Trinité

    Nous sommes des enfants du Père

    Cette première rencontre de Thérèse avec Marcel Van est vraiment extraordinaire - on ne peut que se laisser prendre. Jamais, semble-t-il, on était allé aussi loin dans l’expression de l’amour divin (grandeur-intimité-«condescendance»).

    Nous pouvons être étonnés, de prime abord, en lisant : «Oui, Dieu est notre Père, notre vrai Père, Père bien réel, et non père adoptif...», cela semble bien s’opposer à ce que dit saint Paul :

    «Aussi bien n'avez-vous pas reçu un esprit d'esclaves pour retomber dans la crainte; vous avez reçu un esprit de fils adoptifs qui nous fait nous écrier : Abba! Père! L'Esprit en personne se joint à notre esprit pour attester que nous sommes enfants de Dieu...». (Rm 8, 15 et 9, 4.)

    «Mais quand vint la plénitude du temps, Dieu envoya son Fils, né d'une femme, né sujet de la loi, afin de racheter les sujets de la Loi, afin de nous conférer l'adoption filiale.» (Ga 4, 4-5).

    «[Dieu] déterminant d'avance que nous serions pour Lui des fils adoptifs par Jésus Christ.» (Eph 1,5).

    mais je pense que saint Paul parle de la filiation par participation par rapport à la filiation par nature (celle du Fils unique).

    Sainte Thérèse voit ici notre filiation comme la voit saint Jean : «Voyez quelle manifestation d'amour le Père nous a donnée pour que nous soyons appelés enfants de Dieu. Et nous le sommes!» (1Jn 3,1). L’adoption filiale dans le cas n’est pas d’abord un titre juridique à un héritage mais une réalité ontologique, un don de la personne même du Saint-Esprit. L’adoption humaine, juridique, légale, naturelle n’est pas de cet ordre. L’enfant qui est adopté n’a pas reçu la vie de ses parents adoptifs, quand bien même il reçoit tout leur amour comme les enfants naturels.

    Il faut donc distinguer :

    - la filiation par nature, celle du Fils unique de Dieu et Dieu lui-même.

    - la filiation par participation (« participants de la divine nature» 2P 1,4) où l’on reçoit la vie de Dieu. Cette filiation, l’apôtre l’appelle adoptive par rapport à la filiation par nature du Fils Unique : «mon Père et votre Père» Jn 20, 17 (distinction et tout à la fois assimilation de par la rédemption).

    - la filiation adoptive simplement humaine, juridique, naturelle, légale qui n’est pas une réalité ontologique.

    Dans notre texte, Thérèse explique à Van, que Dieu n’est pas un père adoptif au sens humain, sans conséquences d’ordre ontologique. Il est vraiment notre Père, car, de par sa volonté, nous participons à sa nature divine, nous sommes de race de Dieu(Ac 16, 29); Il est donc pour nous «notre Père, notre vrai Père, Père bien réel.»

    Dom Michel Smagghue, m.b.

     

    Van avait beaucoup d’affection naturelle et surnaturelle pour son papa. Ce dernier, pris par la passion du jeu et de l’alcool, était source de nombreuses souffrances pour les siens. Van, en lui écrivant en octobre 1946, essaie de le raisonner. Voici ce qu’il dit du père de famille :

    «... Cher papa, comment doit se conduire un père dans la famille? Je pense que vous le savez très bien déjà. Papa, un père de famille doit avoir un coeur rempli de bonté et de condescendance. Dieu est notre Père, et il nous appelle ses enfants. Il est notre Père, parce qu'il est infiniment bon... Si Dieu notre Père n'avait pas assez de bonté, il ne mériterait pas d'être appelé père, car pour être appelé de ce nom de père, il faut avoir au coeur une véritable bonté. Or, dans la famille, Dieu veut qu'il y ait quelqu'un qui soit père à sa place, afin de manifester à ses petits enfants la bonté et la douceur de son coeur. Papa, vous avez donc comme rôle de tenir la place de notre vrai Père du ciel, pour manifester sa bonté à notre égard...»

    Van en Côte d’Ivoire

    Témoignages de deux séminaristes

    février 1999

    Je me nomme Roland Isidore, grand séminariste du diocèse de Yopougon, et je suis en année de propédeutique au séminaire Sainte-Thérèse-de-l’Enfant-Jésus, à Issia (diocèse de Daloa).

    Grande était ma joie quand j’ai reçu le livre L’amour ne peut mourir, vie de Marcel Van avant les congés de Noël 98, par le nonce apostolique Lugui Ventura le 18 décembre.

    Aussi cette joie va-t-elle croissant en moi d’autant plus que le contenu réveillait et augmentait ma foi.

    C’est aussi l’occasion pour moi de rendre grâces à Dieu dont je ne suis que l’humble serviteur. En lui toute mon activité trouve sa source, sa motivation, sa force et son accomplissement. Tel est l’exemple de Marcel Van dans sa dévotion mariale.

    C’est par le biais de l’aimable lecture de la vie du frère Marcel que mon âme fut imprégnée, sinon inondée, d’un sentiment que je n’avais jamais ressenti auparavant. Je fus profondément plongé dans l’amour que le frère Marcel avait pour le Christ et par conséquent pour son prochain. La lecture de ce livre fut pour moi le début d’une nouvelle vie : une vie qui a pour centre d’intérêt l’amour. Oui seul l’amour peut me faire vivre dans un monde tel que celui-ci, et je peux dire à la suite du frère Marcel que «l’Amour ne peut mourir». Et cela pourrait m’aider à pratiquer la vertu pour mon devenir pastoral.

    Je prierai en union avec Van pour que le Seigneur soit toujours la lumière de ma vie et la lampe de mes pas.

    Roland Isidore

    jeudi 25 février 1999

    Chère sœur Anne de Blaÿ en particulier, et chers amis de Van en général bonjour.

    J’ai reçu votre colis le jeudi 18 février 1999 à 19h après les Vêpres. Je vous remercie énormément, car j’étais très content.

    C’est aussi le père Paul Pageaud (directeur du séminaire), les autres pères et tous les séminaristes qui se joignent à moi pour partager cette joie. En particulier le père Paul n’a pas caché son attirance à toute la communauté, car le vendredi matin, pendant la messe, il nous a fait une belle homélie à partir des feuilles blanches titrées «TEMOIGNAGE», c’était celui sur l’Eucharistie en Prison. Le père Paul, après son homélie a failli verser des larmes, tellement il était touché.

    Et, après quoi, tous les séminaristes se sont précipités sur les livres que vous m’aviez expédiés pour les lire. Chacun n’a cessé de dire ce qui le touchait. On m’appelle maintenant, au séminaire, «Ami de Van» ou tout simplement «Van».

    Chers amis de Van, il faut dire que les nouveaux documents de Van que vous m’avez offerts m’ont ouvert une nouvelle voie dans la spiritualité.

    N.B. Après avoir lu presque tous les documents, j’ai consacré le vendredi 19 février, jour de carême, «journée de pénitence toute entière» pour l’œuvre de Marcel Van et pour vous tous qui travaillez pour sa béatification. J’ai aussi distribué les photos de Van à toute la communauté. Le père supérieur a gardé celles qui restaient pour les séminaristes de l’année prochaine.

    Tiens, je vous annonce que le livre L’amour ne peut mourir nous a été offert précisément par le Nonce Apostolique. Tout dernièrement il a été avec nous, il a signé tous les livres.

    Que le Bon Dieu vous garde en pleine forme, et qu’il continue de réaliser ce qu’il a déjà commencé en vous.

    Antoine

    Prions avec le Frère Marcel

    Les jours merveilleux où Thérèse faisait découvrir à Van l’amour de Dieu le Père sont loin, quoique toujours présents dans le cœur ardent du jeune rédemptoriste. Sainte Thérèse vient le consoler et le réconforter par de belles poésies, l’aidant à exprimer les sentiments de son cœur.

     

    Dans l’attente du Dieu d’Amour

    (du Bien-Aimé)

    Mon petit frère est assis, il a envie de dormir.

    Je vois la tristesse peinte sur son visage.

    Son regard fixe exprime un ardent désir,

    Tandis qu’en son âme règnent l’incertitude et le dégoût ;

    L’Amour est allé se cacher au loin.

    O mon petit frère, ouvre bien grand tes yeux,

    A la lumière de la foi, regarde attentivement ;

    Tu demeures toujours au cœur de l’amour.

    Petit frère, si la porte de l’amour reste fermée,

    Plus tard, cette porte s’ouvrira toute grande,

    Et alors, quel bonheur pour ton coeur

    D’être brûlé tout entier dans le feu de l’amour.

     

    O mon petit frère, je te donne un baiser.

    Comme il m’est agréable, ton aimable sourire,

    Et comme il réjouit le coeur de l’Amour.

    O petit frère, je te couvre sans cesse de baisers,

    Je recueille chacune de tes larmes,

    Je cours les offrir à celui que tu aimes,

    En lui déclarant amicalement

    Que ces larmes ont leur source dans l’amour.

    O mon petit frère, pourquoi pareille tristesse ?

    Je ne serai tranquille que si tu me donnes un sourire.

    Je t’aime beaucoup, mon petit frère,

    Jamais je n’aurai le coeur de t’abandonner.

     

    Tels sont mes conseils, petit frère,

    N’oublie pas de les garder plus tard.

     

    18 novembre 1945, Col. 143-144

     

    Mon petit frère, demeure ferme dans la charité

    (Chanté par ma soeur Thérèse sur un air vietnamien)

    Que l’on dise tout ce qu’on voudra, petit frère,

    Ta part à toi, c’est de souffrir sans cesse.

    Dans les peines tant intérieures qu’extérieures,

    Petit frère, suis le conseil que voici.

    Que tu sois souffrant ou inquiet,

    Garde le sourire et la paix du coeur.

    Que tu sois mal ou bien traité,

    N’oublie jamais le devoir de la charité.

    Je te le répète sans me lasser, petit frère :

    Reste en paix dans l’amour de Dieu et du prochain.

     

    ... Mais voilà que tu pleures toujours, petit frère...

    Je dépose un baiser sur les joues roses de ton âme.

    ....................................................

    La tempête se calme, petit frère,

    Dors en paix sur le lit de l’amour.

     

    18 novembre 1945, Col. 147-148

     

    O mon petit frère

    Sur la barque de l’amour, tu rames et je tiens le gouvernail,

    Voguons à pleine voile vers le céleste rivage.

    Quelle joie pour moi et pour toi, petit frère,

    Quand, parvenu au port, tu apercevras l’Amour.

    Nous goûterons alors un bonheur sans mélange

    Dans l’union éternelle avec le Bien-Aimé.

    ..........................................................

    Cependant, petit frère,

    La barque lutte encore contre les vagues ;

    Sois très courageux !...

    Tandis que tu rames, je suis au gouvernail.

     

    18 novembre 1945, Col. 143-144

     

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